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Appartient au dossier : David Goldblatt, une histoire ordinaire

David Goldblatt, une histoire ordinaire 2/5 : Abri d’une machine d’extraction…

Photographe sud-africain né en 1930, David Goldblatt parcourt inlassablement son pays depuis les années soixante pour en raconter l’histoire par le quotidien. Il circonscrit chaque série d’images à un lieu particulier, dont il photographie à la fois les espaces et les occupants. Il raconte ainsi comment l’occupation des territoires façonne l’histoire politique complexe d’une Afrique du Sud traversée par l’apartheid. Il ajoute à ses photographies des légendes détaillées, l’engageant dans une démarche documentaire unique.
Le Centre Pompidou lui consacre une rétrospective du 21 février au 7 mai 2018, et Balises partage avec vous quelques extraits de son œuvre.
Une maisonnette en bois sur un paysage désolé
Abri d’une machine d’extraction, puits Farrar, mines Angelo, Germinston ​© David Goldblatt

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« Les enfants blancs que nous étions bénéficiaient d’une liberté quasi totale qui nous permettait d’explorer les mines situées dans les environs de notre ville, Randfontein. Au pied d’un chevalement, nous observions et écoutions, fascinés, une équipe de vingt hommes bouger à l’unisson, soulever de terre un rail, le rattraper sur leurs épaules, avant de le transporter en chantant pour le mettre en place. Mais nous ne nous posions pas de question sur la manière dont ils vivaient. À des centaines de kilomètres de chez eux, à quarante par chambrée, dans un baraquement de six mille hommes. Pour un salaire de misère. Les Blancs étaient les patrons, ils habitaient avec leur famille dans les logements pour couples mariés. Les Noirs n’avaient pas le droit d’obtenir un certificat d’artificier, ce qui évitait aux Blancs toute concurrence.

Pourtant, en dépit du fossé « racial » apparemment infranchissable qui les séparait, Noirs et Blancs risquaient et, parfois, laissaient leur vie pour se secourir mutuellement en situation d’urgence. Aujourd’hui, plus rien n’entrave l’amélioration de la situation des Noirs. Dans toute la ville, la sirène signalait les changements d’équipe ou une urgence : des hommes pris au piège d’un éboulement ; un câble qui avait lâché, précipitant les hommes au fond du puits ; un incendie dans une galerie. Les hommes qui font ce travail le nient, pourtant c’est extrêmement dangereux de descendre dans la mine. »

David Goldblatt

Publié le 14/03/2018 - CC BY-SA 4.0

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