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Depardon en couleur

Le Grand Palais consacre une exposition à la photographie en couleur dans l’oeuvre de Raymond Depardon, intitulée « un moment si doux ». C’est l’occasion de découvrir l’oeuvre du photographe aux multiples facettes, de la revisiter avec la couleur comme fil conducteur.

Affiche de l'exposition Raymond Depardon : un moment si doux
Affiche de l’exposition Raymond Depardon : un moment si doux

Qui est Raymond Depardon ?

Photographe et cinéaste, grand prix de la photographie et lauréat du Mérite agricole…

Raymond Depardon est né en juillet 1942 à Villefranche-sur-Saône (Rhône). Son enfance se déroule dans la ferme familiale, la ferme du Garet.Très jeune, il s’approprie l’appareil photo de son frère, prend des clichés de son entourage: la ferme , les animaux, et décide de devenir photographe. A seize ans il s’installe à Paris, devient reporter photographe. A l’agence Delmas, il découvre les facettes du métier, photographie les starlettes, effectue ses premiers reportages à l’étranger avant de couvrir le guerre d’Algérie. Dans les années 70 et 80, il travaille pour de grandes agences : tout d’abord Gamma qu’il fonde en 1967 avec Gilles Caron, puis Magnum qu’il rejoint dix ans plus tard.

Au cours de ces années, envoyé au Chili puis au Liban, il prend petit à petit ses distances avec le photoreportage, l’événement brut. Questionnant l’être humain, cherchant la bonne distance avec le réel, il préfère photographier la vie rurale au Chili, les indiens Mapuches, les marges de la guerre civile à Beyrouth. A la même époque il photographie  les lieux de son enfance pour la Mission photographique de la Datar. En 1991, il reçoit le Grand prix national de la photographie.

Photographe et cinéaste, réalisateur de films documentaires, les deux activités sont intimement liées chez Raymond Depardon. Le film Reporters, consacré aux photographes de presse obtient le César du meilleur documentaire en 1982. Suivront Faits divers (1983), Urgences (1987),Délits flagrants (1994). Au cours des années 2000, il commence un travail documentaire sur le monde rural intitulé Profils Paysans dont le dernier volet La vie moderne sera récompensé par le prix Louis Delluc en 2008.

Dans le même temps, il reprend à son compte le projet de la Datar et pendant 5 ans entre décembre 2004 et février 2010, parcourt seul la France en camping-car afin de réaliser un portait du pays. Traversant 65 départements, il photographie à la chambre et en couleurs le territoire français, les campagnes et les petites villes gagnées par la périurbanisation.

En 2012, il réalise le portrait officiel du Président de la République, François Hollande, dans le jardin du palais de l’Elysée.

Du noir et blanc à la couleur

 « Je ne savais pas que j’étais un photographe de la couleur. Elle était pourtant là. Dès les premières images. » Raymond Depardon

Si elle est présente depuis ses premières photographies, la couleur devient un choix pour Raymond Depardon à partir des années 1980. Il est alors  sollicité par la DATAR pour dresser un portrait de la France. Il commence son travail en noir et blanc mais en voulant photographier la ferme du Garet, la couleur s’impose comme une évidence : le tracteur rouge de la ferme familiale, la toile cirée de la cuisine, ne peuvent être photographiées qu’en couleur. Liée à l’enfance et à l’intime , la couleur est à la fois signe de la mémoire et de la modernité.

Couverture du livre La ferme du Garet

La ferme du Garet, Ed. Carré, 1995 
Dans ce recueil aux allures autobiographiques, Raymond Depardon 
écrit la chronique de son enfance en milieu rural. Le texte, dense, 
s’inscrit entre les photos, et témoigne, sans nostalgie, d’une enfance heureuse. 
À la Bpi, niveau 3, 770 DEPA

Une France multicolore

Le projet a pris forme en 2004 : un tour de France photographique réalisé seul, un seul regard sur tout le territoire, en prenant le temps qu’il faut. Six ans plus tard, après 70 000 km de routes départementales parcourues en camping-car, quelle est la France de Raymond Depardon ?

Evitant les banlieues et les grandes villes, fuyant le pittoresque des régions et les sites historiques, il a cherché l’entre-deux, entre campagne et ville, le pays ordinaire et réel, dans la tradition des documentaristes américains, tels Walker Evans. Cafés, boulangeries, boucheries, salons de coiffure, plages du Nord, une France à la fois familière et jamais vue, des images récentes et rappelant les années 1950.

Pour ce périple, Raymond Depardon a utilisé à la fois un appareil à la chambre et des pellicules fabriquées pour les produits cosmétiques pour obtenir des images parfaites et des couleurs éclatantes.

« C’était donc parfait aussi pour ma petite boulangerie qui le vaut bien ! Et, tout doucement, je me suis découvert coloriste. » (Télérama horizons, p.18). 

Il a choisi également l’entre-deux des saisons : ni l’été parce que la lumière est trop dure, ni l’hiver sous la neige et la pluie, recherchant le gris lumineux, privilégiant la luminosité et la clarté.

Couverture du livre La France de Raymond Depardon

La France de Raymond Depardon : exposition
Bibliothèque nationale de France, du 30 septembre 2010 au 9 janvier 2011, Seuil, BNF, 2010 
Le catalogue de l’exposition à la Bibliothèque nationale de France, aboutissement du périple photographique de Raymond Depardon. 
À la Bpi, niveau 3, 770 DEPA

Un moment si doux

Cette exposition n’est pas une rétrospective mais plutôt un cheminement dans l’oeuvre intime de Raymond Depardon, sa photographie en couleur. 
Le parcours est à la fois chronologique : les lieux fondateurs, la ferme du Garet, les premiers portraits en couleur, une Edith Piaf en bleu légèrement inquiétante, et géographique : l’Ecosse des années 80, le Liban, le Chili de 1971, la Bolivie de 2005. Il mêle photos anciennes, reportages jamais exposés, photos réalisées pour l’exposition. 
Rose du chewing-gum des gamins de Glasgow, jaune des pulls des fillettes de Santiago, rouge de la table en formica de La Paz, la couleur est, une fois encore, liée à l’enfance, à l’intime. Le sujet peut paraître anodin, c’est bien le réel que Raymond Depardon capte au Liban en 1978 mais loin du spectaculaire des photos de guerre, en marge du conflit : des étals de fruits et légumes, un mariage à Beyrouth.

Pourquoi un moment si doux ? C’est pour son plaisir que le photographe lors de voyages personnels, pour des expositions ou des repérages, a pris a pris des photographies en couleur, sans thèmes particuliers, à la fois plus libres et plus distanciées, elles seront archivées dans une boite, avec le mot-clé « un moment si doux » 
Couleur, lumière, émotions fugitives, c’est bien la douceur du réel qui s’offre tout au long du parcours.

Couverture du livre Un moment si doux

Raymond Depardon : un moment si doux : exposition
Paris, Galeries nationales du Grand Palais, du 14 novembre 2013 au 10 février 2014, RMN – Grand Palais, 2013 
À la Bpi, niveau 3, AR BUR EXP

Publié le 17/12/2013 - CC BY-SA 4.0

Sélection de références

Accéder au site de l'agence Magnum

Magnum Photos

Retrouvez les portfolios de Raymond Depardon sur le site de l’agence Magnum

lien externe

Palmeraie et désert

Le site officiel de Raymond Depardon

Accéder au site de l'exposition Un moment si doux

Raymond Depardon : Un moment si doux

Le Grand Palais consacre une exposition à la photographie en couleur dans l’œuvre de Raymond Depardon, depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui et réalisée en étroite collaboration avec l’artiste. Pour cette exposition, l’artiste a voyagé en Afrique, aux USA, et en Amérique du Sud: photographiant des sujets qui lui sont chers: les grands espaces et la solitude des villes.

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