Sélection

Blaise Cendrars en 5 livres

À l’occasion de l’événement « Trois jours avec Blaise Cendrars » qui se tient à la Bibliothèque publique d’information du 13 au 15 octobre 2018, nous vous proposons une sélection de textes représentatifs des différents temps de l’œuvre du « poète de la main gauche ». 

Poète aux côtés d’Apollinaire, avec qui il ouvrit la voie à toutes les inventions du XXe siècle, collaborateur de grands artistes de Fernand Léger à Robert Doisneau en passant par Sonia Delaunay, grand reporter, chroniqueur de la Grande Guerre… Voilà quelques-unes des vies de Blaise Cendrars, qui fut aussi un infatigable voyageur et se fit l’interprète de récits et de contes de tous les pays, dont il sut transmettre la poésie au lecteur français. Celui qui plaça dès le choix de son pseudonyme sa littérature sous le signe du feu et de la renaissance laisse derrière lui une œuvre des plus diverses, qu’il débuta en poésie avant de s’intéresser à la forme romanesque puis de rédiger des Mémoires d’un genre nouveau. 

Publié le 09/10/2018 - CC BY-NC-SA 4.0

Sélection de références

La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France

La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France

Blaise Cendrars
Denoël, 2005

Si Blaise Cendrars arrête dès les années 1920 d’écrire de la poésie, sa production poétique marque durablement le siècle. Après Les Pâques à New-York qui annoncent à bien des égards le révolutionnaire Zone d’Apollinaire, La Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France éclate les limites du texte poétique : débarrassé de la ponctuation, ce long poème narratif se déploie dans un dépliant de deux mètres, accompagné de peintures simultanées de Sonia Delaunay qui font écho au mouvement continu du train et de la pensée du narrateur.

Pierre angulaire de la mythologie du poète-bourlingueur, cet exaltant voyage en Transsibérien ouvre la voie, dès 1912, à de nombreux poètes qui tenteront de marier la poésie aux arts visuels et fait du chemin de fer, dans sa capacité à diluer le temps et l’espace, un objet profondément poétique.

À la Bpi, niveau 3, 840″19″ CEND 1

L'Or

L'Or

Blaise Cendrars
Denoël, 2001

Centré sur la figure ambivalente de Johann August Suter, négociant suisse qui fit fortune en Californie grâce à l’agriculture avant d’être ruiné par la découverte d’or sur ses terres, L’Or est le premier roman de Blaise Cendrars et son premier grand succès. Le paradoxal échec de Suter, non moins grandiose que l’ascension qui l’a précédé, inspire à Cendrars de composer un récit dont la simplicité renferme des accents mythiques.

Suter, victime de l’or maudit, est le prototype de bien des héros de Cendrars, aventuriers martyrs poursuivant des rêves inatteignables et rendus plus sages par leurs défaites.

À la Bpi, niveau 3, 840″19″ CEND 1

Dan Yack

Dan Yack

Blaise Cendrars
Denoël, 2002

Médité par Cendrars pendant une décennie, Dan Yack, initialement publié en deux volumes à quelques mois d’intervalle, est attendu en 1929 comme un des temps forts de l’année littéraire. Lancé à grand renfort de publicité, son second tome est si fortement pressenti pour le Goncourt que son éditeur fait imprimer en avance des bandeaux annonçant son élection — hélas, le Goncourt 1929 revient à Marcel Arland pour L’Ordre, Cendrars ne recevant qu’une seule voix.

Grand récit de formation souvent considéré comme le chef d’œuvre romanesque de Cendrars, Dan Yack est un roman peuplé de doubles et marqué par les multiples renaissances symboliques de son héros, milliardaire excentrique qui se fait le mécène de trois artistes embarqués avec lui dans les frimas de l’Antarctique. Incarnation d’un homme moderne profondément transformé par l’expérience de la guerre, Dan Yack est aussi et surtout un reflet du poète, dont la quête artistique et le parcours amoureux deviennent matière romanesque, annonçant ainsi la période des grands textes autobiographiques.

À la Bpi, niveau 3, 840″19″ CEND 1

La Main coupée

La Main coupée

Blaise Cendrars
Denoël, 2002

Si Cendrars a écrit dès 1917 sur son expérience de la guerre, publiant notamment le bref et fulgurant J’ai tué, c’est dans le deuxième volume de ses Mémoires qu’il revient enfin, longuement, sur ses souvenirs du front, marqués par le drame fondateur de la perte de sa main droite.

Dépeignant la pagaïe permanente que fut cette « grande saloperie » dans laquelle il s’était pourtant engagé volontairement, ravivant avec sa langue sèche et gouailleuse la saleté et le danger, Cendrars a surtout à cœur de rendre hommage à tous ses compagnons anonymes. Éloge de la camaraderie, La Main coupée parvient ainsi, grâce à sa vaste galerie de personnages, à empreindre d’une grande humanité le récit de l’enfer.

À la Bpi, niveau 3, 840″19″ CEND 1

Le Lotissement du ciel

Le Lotissement du ciel

Blaise Cendrars
Denoël, 2005

« Le voyage continue mais sur les voies du monde intérieur. C’était urgent ». C’est ainsi que Blaise Cendrars annonçait en 1949 ses intentions concernant Le Lotissement du ciel. Après Bourlinguer, grand livre mêlant chroniques de voyages et affabulation pour mieux construire la légende Cendrars, Le Lotissement du ciel, qui tisse ensemble souvenirs personnels, hagiographie et intuitions mystiques fut unanimement boudé par le public et la critique.

Peuplé d’oiseaux, d’anges et de saints, plein de mystères et de dérobades, ce texte constitué de trois parties disparates assemblées après coup poursuit comme dans un miroir brisé l’exercice d’autoportrait entamé cinq ans plus tôt avec L’Homme foudroyé. Volontiers contemplatif, ce dernier volume des Mémoires qui a tant déconcerté à sa publication est maintenant reconnu comme un des sommets poétiques de l’œuvre, voire comme un testament. Avec, comme dernier message, cette incitation qu’adresse Cendrars aux « jeunes gens d’aujourd’hui » : « Il n’y a pas d’autre choix possible. Vivre… »

À la Bpi, niveau 3, 840″19″ CEND 1

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