Sélection

Les héritiers de James Baldwin

Nombreux sont les écrivains qui inscrivent leur œuvre dans la lignée des écrits de Baldwin, certains l’ont côtoyé, ont milité à ses côtés dans le mouvement pour les droits civiques et se sont fait porte-parole de la communauté afro-américaine.

D’autres ont continué à explorer, dans des récits à forte coloration autobiographique, les thématiques abordées par Baldwin, témoignant des tensions communautaires, des injustices et discriminations subies, de la difficulté d’être noir aux Etats-Unis encore aujourd’hui. Cette sélection d’œuvres rappelle que la question noire est toujours d’actualité.

​ »L’histoire des Noirs en Amérique, c’est l’histoire de l’Amérique, et ce n’est pas une belle histoire. »

James Baldwin (1979)

Publié le 16/05/2017 - CC BY-SA 3.0 FR

Sélection de références

Une colère noire : lettre à mon fils

Ta-Nehisi Coates ; traduit par Thomas Chaumont
Autrement, 2016

“Voilà ce qu’il faut que tu saches : en Amérique, la destruction du corps noir est une tradition – un héritage. Je ne voudrais pas que tu te couches dans un rêve. Je voudrais que tu sois un citoyen de ce monde beau et terrible à la fois, un citoyen conscient. J’ai décidé de ne rien te cacher.” (p.139)

A l’origine de ce texte, il y a la mort d’un ami abattu par erreur par la police. Il y a aussi, en juin 2015, le massacre de neuf personnes perpétré par un partisan de la suprématie blanche dans une église noire de Charleston (Caroline du Nord).

James Baldwin a écrit son essai La prochaine fois, le feu (1963) à l’adresse de son neveu ; Ta-Nehisi Coates choisit ici la forme d’une lettre adressée à son fils pour démontrer qu’en dépit des luttes pour les droits civiques, de la popularité de nombreuses personnalités noires et de l’élection d’un président noir, les violences contre les Noirs n’ont jamais cessé aux Etats-Unis. Comme Baldwin, il dénonce l’institutionnalisation de la violence raciste et les plaies, toujours vives, de l’esclavage. En tant que journaliste, il relate les émeutes provoquées par la relaxe de ceux qui assassinent des Noirs, l’impunité de policiers racistes, la politique du chiffre, l’incarcération de masse…

Pour Toni Morrison, Ta-Nehisi Coates est le fils spirituel de Baldwin : “Je me suis demandée qui remplirait le vide intellectuel après la mort de James Baldwin. Sans aucun doute, c’est Ta-Nehisi Coates… Une lecture indispensable.”

À la Bpi, niveau 3, 821 COAT 4 BE

Moi contre les Etats-Unis d'Amérique

Paul Beatty ; traduit par Nathalie Bru
, 2015

« Comment donc à notre époque un Noir peut-il bafouer les sacro-saints principes du 13e amendement en possédant un esclave ? »

Fils d’un psychologue afro-américain aux méthodes peu orthodoxes, Bonbon a grandi à Dickens, dans une surprenante enclave agraire en plein ghetto de Los Angeles. Après la mort de son père sous les balles de la police, voyant son quartier insidieusement effacé de la carte par une Amérique qui préfère se voiler la face plutôt que d’affronter les exclusions qu’elle a créées, il va se lancer dans une série d’initiatives hasardeuses destinées à redonner à Dickens une identité. Flanqué de Hominy, son vieil esclave, il rétablit l’esclavage et la ségrégation à l’échelle d’un quartier pour servir ce qu’il croit être le bien de sa communauté. Cette expérience extrême lui vaudra d’être traîné devant la Cour suprême.

Né en 1962 à Los Angeles, Paul Beatty vit à New York. Son roman Moi contre les Etats-Unis d’Amérique a été considéré à sa sortie, en 2015, comme une satire mordante et insolente. C’est aussi une réflexion décapante sur la question des origines et de l’identité aux Etats-Unis sur fond de racisme.

À la Bpi, niveau 3, 821 BEAT.P 4 SE

L'oiseau du bon Dieu

James McBride ; traduit par François Happe
Gallmeister, 2015

“Des paroles, encore des paroles, toujours des paroles. C’est tout ce que le chrétien est capable d’offrir. (…) L’esclave ordinaire a besoin de liberté, pas de paroles. Le Noir a entendu des paroles d’appel au sens moral pendant deux cents ans. On ne peut plus attendre. Est-ce que Toussaint Louverture a attendu les Français à Haïti ? Est-ce que Spartacus a attendu le gouvernement romain ? Est-ce que Garibaldi a attendu les Génois ?” (p. 222)

Jeune esclave noir de douze ans, Henry Shackleford est avant tout un enfant insouciant. Lorsqu’en 1856, l’abolitionniste John Brown et sa bande de renégats le libèrent « malgré lui », il est embarqué dans des aventures rocambolesques. Affublé d’une robe et d’un bonnet par ce chef illuminé qui le prend pour une fille, le jeune garçon est brinquebalé des forêts où campent les révoltés, aux salons des philanthropes en passant par les bordels de l’Ouest, traversant quelques-unes des heures les plus marquantes du 19e siècle américain. Cette épopée romanesque inventive et désopilante a été comparée aux Aventures d’Huckleberry Finn de Mark Twain.

Né en 1957, James McBride s’est d’abord fait connaître en 1995 par La Couleur d’une mère, récit autobiographique devenu aujourd’hui un classique aux Etats-Unis. Son œuvre romanesque, commencée en 2002, revisite l’histoire américaine, éclairant des épisodes méconnus en les racontant du point de vue des Noirs : Miracle à Santa Anna rend ainsi hommage aux combattants afro-américains qui ont participé à la campagne d’Italie pendant la Seconde Guerre mondiale. La plupart de ses écrits font revivre les grandes figures noires qui ont contribué à mettre un terme à l’esclavage, comme, dans L’Oiseau du bon Dieu, Frederick Douglass, Harriet Tubman ou l’abolitionniste blanc John Brown.

À la Bpi, niveau 3, 821 MCBR 4 GO

Home

Toni Morrison ; traduit de l'anglais par Christine Laferrière
C. Bourgois, 2012

« Une armée où les noirs ont été intégrés, c’est le malheur intégré. Vous allez tous au combat, vous rentrez, on vous traite comme des chiens. Enfin presque. Les chiens, on les traite mieux. » (p. 24)

Dans l’Amérique ségrégationniste des années 1950, Frank Money, vétéran de la guerre de Corée, n’est plus que l’ombre de lui-même. Hanté par la violence, traumatisé par ses souvenirs, il n’a qu’une obsession : rejoindre Atlanta et retrouver sa sœur. Jeté sur les routes, il traverse une Amérique dont la folie résonne avec la sienne : haineuse, incontrôlable et infiniment douloureuse. Au fil d’un récit aussi intense que concis, Toni Morrison décrit un pays mutilé, au racisme et à la violence institutionnalisé. S’en sortir, nous dit-elle, c’est se déraciner pour accepter d’où l’on vient, c’est faire à rebours le chemin vers soi-même pour accepter qui l’on est.

Première romancière noire à avoir reçu le Prix Nobel de littérature, Toni Morrison n’a de cesse d’explorer la complexité de l’identité noire à travers ses romans. En confrontant ses personnages à l’esclavage, au racisme et à la soumission, elle fait le portrait d’une communauté humaine et digne, comme James Baldwin avant elle. Elle n’a d’ailleurs jamais caché son admiration à son égard, ainsi que son importance dans sa vocation d’écrivain : “Je suis entièrement redevable à la prose de James Baldwin.” dira-t-elle.

A la Bpi, niveau 3, 821 MORR.T 4 HO

Les douze tribus d'Hattie

Ayana Mathis ; traduit par François Happe
Gallmeister, 2014

“Hattie observa de plus près la foule sur le trottoir. Les Noirs ne descendaient pas dans le caniveau pour laisser passer les Blancs, pas plus qu’ils ne regardaient obstinément le bout de leurs chaussures. Quatre jeunes filles noires passèrent, des adolescentes, comme Hattie, papotant ensemble. Des filles en pleine conversation, tout simplement, pouffant de rire et décontractées, comme seules des filles blanches pouvaient se promener en bavardant dans les villes de Géorgie.” (p. 23)

Gare de Philadelphie, 1923. Hattie, 16 ans, arrive de Géorgie avec sa mère et ses sœurs. Aspirant à une vie nouvelle, elle épouse August. Au fil des années, cinq fils, six filles et une petite-fille naissent de ce mariage. Telles les pièces d’un puzzle, ces douze tribus racontent l’histoire américaine du 20e siècle. Chaque chapitre donne la parole à un personnage de cette famille dominée par la forte personnalité de la mère, chaque parcours révélant les difficultés à surmonter les violences et privations engendrées par la pauvreté et le racisme. Car si, dans le Nord, la cohabitation entre les Noirs et les Blancs semble à première vue plus paisible, les désillusions sont amères.

Rejoignant le constat de James Baldwin, A. Mathis dresse le portrait d’une société américaine gangrénée par la violence héritée du passé esclavagiste. La difficulté des relations amoureuses et les frustrations sexuelles, présentes dans les romans de Baldwin, sont dans le roman de Mathis exposées dans toute leur cruauté : la honte d’un des fils d’Hattie qui n’ose assumer son homosexualité le pousse à se comporter avec lâcheté. A l’instar de Baldwin, Mathis use de paraboles bibliques pour souligner l’universalité des souffrances endurées, mais aussi pour dénoncer l’emprise de la religion sur de nombreux Noirs, aveuglés ou manipulés par de prétendus prédicateurs.

A la Bpi, niveau 3, 821 MATH.A 4 TW

Bois Sauvage

Jesmyn Ward ; traduit par Jean-Luc Piningre
Belfond, 2012

“Il reste plus que du bois et du fer, tout bousillés, et soudain il y a un grand trou entre avant et maintenant, et je me demande où le monde qui existait ce jour-là est passé, parce qu’on est plus dedans.” (p. 328)

En 2005, à Bois Sauvage, Mississippi, Esch, quatorze ans, apprend qu’elle est enceinte. Elle ne sait pas à qui en parler. Ses frères sont occupés à leurs affaires, son père se réfugie dans l’alcool et sa mère est morte depuis longtemps. Au même moment, les médias annoncent l’arrivée de Katrina, une tempête sans précédent.

Avec l’histoire de cette famille frappée par l’une des plus grandes catastrophes de l’histoire des Etats-Unis, Jesmyn Ward dénonce la façon dont l’ouragan a été géré par les autorités : les victimes, noires pour la plupart, ont été délaissées et livrées à elles-mêmes. Les références à la mythologie  (l’adolescente se plonge dans la lecture de Médée) rappellent le caractère tragique de cet événement et donnent une portée universelle aux difficultés rencontrées par la population rurale du Sud à laquelle Jesmyn Ward appartient.

Toute l’œuvre de J. Ward est traversée par la question noire et les tensions raciales. En 2013, elle écrit Les Moissons funèbres en réaction à la mort, en l’espace de quatre ans, de cinq jeunes garçons noirs (dont son frère). Elle y retrace leur vie marquée par la pauvreté et le racisme et revient sur sa propre enfance. En 2016, elle publie un recueil de textes The Fire This Time dont le titre est directement inspiré par The Fire Next Time (La prochaine fois, le feu) de Baldwin.

A la Bpi, niveau 1, RR WAR B

Jupiter et moi

Eddy L. Harris ; traduit par Alexandre Gouzou
L. Levi, 2005

“Durant les années qui suivirent le monde sembla à feu et à sang. On brûlait les églises en Alabama et on tuait de jolies petites filles aux robes proprement amidonnées. Pour quelle raison ? Personne ne put me répondre. Les émeutes de Watts, à Los Angeles furent suivies par celles de Detroit, de Trenton, de Philadelphie, et de bien d’autres endroits. Il y avait des manifestations, des piquets de grèves et des sits-ins ; des gens prenaient des bus pour se rendre là où il ne fallait pas ; d’autres avaient la tête éclatée, la peau trouée par des balles, déchirée et meurtrie par des chiens. Des enfants noirs mouraient. Martin Luther King fut assassiné et ce fut l’apocalypse.” (p. 82)

Ces événements tragiques sont racontés par un enfant qui subit la ségrégation à Saint-Louis, après l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, en 1963. Le père, Jupiter, est à la fois tyrannique, terrifiant mais aussi attachant et rigolard. Ses enfants ne savent jamais quelle conduite adopter avec lui. A travers son histoire, c’est toute l’histoire des Noirs américains qui apparaît en filigrane, avec les sanglants dérapages du racisme.

A la Bpi, niveau 3, 821 HARR.E 4 JU

Blessés

Percival Everett ; traduit de l'anglais par Anne-Laure Tissut
Actes Sud, 2007

« – Vous avez déjà eu des ennuis ? Pour des questions de race, je veux dire.
– Evidemment, petit. On est en Amérique. Il y en a des fanatiques. (…) Par ici, c’est plein d’imbéciles sans la moindre ouverture d’esprit. Ça court les rues. Beaucoup d’ignorants, et beaucoup de gens bien, intelligents. C’est différent d’où tu viens ? »

Dans une petite ville profonde de l’Ouest américain, il est un homme que tout le monde connaît : John Hunt, le rancher afro-américain venu vivre avec son oncle vieillissant. Mais, au cœur des montagnes, la nature est loin d’être paisible. D’abord, il y a le meurtre d’un jeune homosexuel, puis une série d’actes malveillants pratiqués sur les animaux de la réserve, enfin des insultes racistes proférées à l’encontre des Indiens du voisinage… Et si l’Amérique sauvage n’échappait pas elle non plus à la haine ?

Dans la lignée d’un James Baldwin, Percival Everett met à jour une société humaine fragile et fracturée, gangrénée par la suprématie blanche. Il décrit une Amérique sous tension, dont la violence sournoise égale la beauté des grands espaces. Après huit ans de présidence Bush, le constat est amer : du racisme à l’homophobie, les frontières sont partout.

A la Bpi, niveau 3, 821 EVER 4 WO

Ballades pour John Henry

Colson Whitehead ; traduit par Serge Chauvin
Gallimard, 2005

Héros mythique de la culture noire américaine, John Henry est un ouvrier noir qui a accepté, à la fin du 19e siècle, de se livrer à un concours de terrassement l’opposant à une machine. L’homme gagne, puis meurt d’épuisement. Ce personnage a ensuite inspiré de nombreuses oeuvres dont des chansons et ballades. Dans le roman de Colson Whitehead, une jeune pianiste, Jennifer, découvre ainsi la partition de La ballade de John Henry, de Jake Rose et son pouvoir subversif : “C’est une musique qui ne va pas à l’église, qui dit des gros mots, qui s’habille comme elle veut.”

En revenant sur l’histoire de John Henry, sur ceux qu’elle a marqués, et sur ceux qui l’ont exploitée, Colson Whitehead dresse une vaste fresque historique et offre une réflexion sur la mémoire, la culture populaire et sa marchandisation à travers la fabrication d’icônes…

Son tout dernier roman, The Undergroud Railroad (prochainement traduit), revient sur l’histoire des esclaves en fuite et du réseau clandestin mis en place par les abolitionnistes pour les aider à fuir vers le Nord. Il décrit les difficultés rencontrées en chemin, comme les mercenaires, les risques de lynchages et les violences infligées aux fugitifs. Whitehead établit un parallèle avec l’extermination des Indiens, rappelant les analyses de James Baldwin sur la violence fondatrice de la nation américaine.

A la Bpi, niveau 3, 821 WHIT.O 4 JO

Ce cadavre n'est pas mon enfant

Toni Cade Bambara ; traduit par Anne Wicke
C. Bourgois, 2001

“Des cohortes d’enquêteurs indépendants s’étaient mises à ratisser les environs de la ville. L’écrivain James Baldwin, qui était souvent venu à Atlanta pour mener son enquête personnelle, se joignit à ces groupes, tout comme Sondra O’Neale, professeur à Emory et spécialiste des sectes, qui étudiait le phénomène sous cet angle. (…) Les autorités d’Atlanta avaient déjà déclaré que cette théorie, en général, et la version de McGill, en particulier, étaient sans aucun fondement.” (p. 23)

Le dernier roman de Toni Cade Bambara décrit l’Amérique du début des années 1980, plus précisément les Etats du Sud, du point de vue des femmes noires. Ce roman, paru à titre posthume grâce à Toni Morrison, revient sur la disparition et le meurtre de quarante enfants noirs à Atlanta (Géorgie) de 1979 à 1981. Cette affaire a secoué, outre les habitants, la municipalité noire de la ville, avant de prendre une dimension nationale. Basé sur ce fait divers, très documenté, le roman raconte la souffrance des parents et leur détermination à faire éclater la vérité, et dénonce l’injustice et l’indifférence face au sort de ces familles noires.

Ce roman fait écho aux essais de James Baldwin, Meurtres à Atlanta (The evidence of Things not seen, 1985) : Baldwin se rend à Atlanta pour couvrir le procès de l’accusé, un homme noir qui a visiblement commis deux meurtres d’adultes et à qui on fait endosser le meurtre des enfants. Il constate que tous les enfants disparus sont issus de familles pauvres. Les parents contestent le verdict, considérant que c’est une mascarade.

A la Bpi, niveau 3, 821 BAMB 4 TH

Dites-leur que je suis un homme

Ernest J. Gaines ; traduit par Michelle Herpe-Voslinsky
L. Levi, 1994

“Les Blancs se croient meilleurs que tous les autres sur la terre ; et ça, c’est un mythe. La dernière chose qu’ils veulent voir, c’est un Noir faire front, et penser, et montrer cette humanité qui est en chacun de nous. Ça détruirait leur mythe. Ils n’auraient plus de justification pour avoir fait de nous des esclaves et nous avoir maintenus dans la condition dans laquelle nous sommes. Tant qu’aucun de nous ne relèvera la tête, ils seront à l’abri.” (p. 226)

Dans la Louisiane des années 1940, un jeune Noir, démuni et illettré, est accusé d’avoir assassiné un Blanc. Au cours de son procès, il est bafoué et traité comme un animal par l’avocat commis d’office. Pour démentir les propos méprisants qui ont été tenus à son égard, sa grand-mère engage l’instituteur pour prendre en charge l’éducation de son petit-fils et lui offrir, ainsi, une mort digne.

Né en Louisiane en 1933, Ernest James Gaines a travaillé très jeune dans une plantation. Passionné de littérature, il décide d’écrire pour pallier le manque de personnages noirs dans les romans. Comme James Baldwin, il part de ses expériences pour retracer les dures conditions de vie des Noirs dans le Sud, confrontés aux lois Jim Crow (ségrégation). D’ailleurs, le titre original de l’un de ses romans (Le nom du fils, In my father’s house, 1978) est le titre qu’avait initialement choisi Baldwin pour son premier roman, La Conversion (1953).

A la Bpi, niveau 3, 821 GAIN 4 LE

La couleur pourpre

Alice Walker ; traduit par Mimi Perrin
R. Laffont, 2008

“Les Africains ne nous voient pas, ils nous ignorent. Ils ne reconnaissent même pas en nous les frères qu’ils ont vendus jadis. (…) Ils nous rejettent. Ils ne veulent pas entendre parler de nos souffrances passées. Ou alors ils disent des bêtises comme : ‘Pourquoi ne parlez-vous pas notre langue ?’, ‘Pourquoi avez-vous oublié les vieilles traditions ?’ ou encore : ‘Pourquoi n’êtes-vous pas heureux en Amérique, si tout le monde a une voiture ?’” (p. 278-279)

Dans la grande tradition du roman sudiste, La Couleur pourpre (1982) dénonce les discriminations raciale et sexuelle dont furent victimes les femmes noires. Il obtient plusieurs prix, avant d’être porté à l’écran par Steven Spielberg.

Dans le roman, Célie évolue grâce aux femmes qu’elle rencontre et qui l’aident à s’affirmer et à résister face aux oppressions. Shug, avec qui elle découvre l’amour, est un modèle d’indépendance et la libère de l’emprise de son mari. La solidarité féminine, thème récurrent chez Alice Walker, et la lutte contre les préjugés sont au coeur du roman : la ségrégation dans le Sud des Etats-Unis y est dénoncée, au même titre que le patriarcat, la polygamie ou encore l’excision, qui règnent dans certains pays d’Afrique.

A la Bpi, niveau 3, 821 WALK 4 CO

Où se cacher

John Edgar Wideman ; traduit par Jean-Pierre Richard
Gallimard, 2006

“La ville s’étale dans tous les sens à la fois. La ville est un cercle et les nègres d’East Liberty, ceux de Homewood et ceux de West Hell, tous les mêmes, tous morts et mourants là en bas sur le même manège de merde.” (p. 52-53)

Deuxième volet de la trilogie de Homewood, le roman met en scène, dans les années 1970, les descendants des Owen, lignage né de l’union métissée entre une esclave noire et le fils de son maître. Construit autour de l’alternance des monologues de trois personnages, cette tragédie intimiste se déroule dans les ruines du ghetto noir de Pittsburgh.

Né à Washington en 1941, John Edgar Wideman a passé sa jeunesse à Homewood, le quartier noir de Pittsburgh en Pennsylvanie. Dans ce roman, il poursuit son inlassable projet littéraire : redonner voix, dignité et mémoire à une communauté sacrifiée et tentée par l’autodestruction.

Le nouveau livre de Wideman, Ecrire pour sauver une vie : le dossier Louis Till est un récit mêlant réalité, fiction et autobiographie, basé sur un fait divers. Emmet Till, un adolescent afro-américain, accusé d’avoir sifflé une femme blanche, est enlevé et violemment assassiné en 1955. Assimilé à son père, exécuté pour viol en 1944, le jury décide d’innocenter ses meurtriers.

A la Bpi, niveau 3, 821 WIDE 4 HI

Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage

Maya Angelou ; traduit par Christiane Besse
Librairie générale française, 2009

“A Stamps, la ségrégation était si totale que la plupart des enfants noirs ne savaient pas, en vérité, à quoi ressemblaient exactement les Blancs. Excepté qu’ils étaient différents, et qu’il fallait avoir peur d’eux, et cette peur traduisait aussi l’hostilité des faibles contre les puissants, des pauvres contre les riches, des travailleurs contre les patrons et des mal habillés contre les bien vêtus. Je me rappelle n’avoir jamais cru que les Blancs fussent vraiment réels.” (p. 37)

Premier volume des mémoires de Maya Angelou, ce récit est considéré aujourd’hui comme un classique de la littérature américaine. Maya Angelou, écrivain, poète, danseuse, chanteuse et cinéaste, y relate ses débuts d’écrivain et de militante dans l’Amérique raciste des années 1960. Son témoignage rend compte des épreuves endurées dans l’enfance : le mutisme après un viol, les insultes racistes et la ségrégation dans l’Arkansas des années 1930, ainsi que la présence du Klu Klux Klan.

C’est à Paris que Maya Angelou rencontre James Baldwin dans les années 1950. Comme lui, elle milite aux côtés de Martin Luther King et Malcolm X lors du Mouvement pour les droits civiques. Effondrée après l’assassinat de Martin Luther King, elle trouve refuge dans les livres et, encouragée par Baldwin, se met à écrire. Ses écrits, véritables “fictions autobiographiques” rendent compte de la condition des Noirs confrontés au racisme et aux problèmes d’identité. Ils font rapidement d’elle une véritable porte-parole de la communauté noire.

A la Bpi, niveau 3, 821 ANGE 4 IK

Le messager

Charles Stevenson Wright ; traduit par Michel Averlant
Le Tripode, 2013

“Et les voilà qui passent, les voilà qui passent, ces joyeux tordus aux pas pressés, les employés de bureau. Ils ont trouvé leur niche dans ce monde et ils vont se démerder pour que vous le sachiez, que vous ne fassiez rien de stupide qui risque de détruire leur petit univers. Bourgeois jusqu’au trognon. Et voilà les miens, les gens de ma race, qui passent aussi comme autant de points noirs dans un champ blanc.” (p. 60)

Né en 1932 dans le Missouri, Charles Stevenson Wright arrive à Manhattan à la fin des années 1950. Il travaille comme coursier au Rockefeller Center et fait des passes quand il n’a plus d’argent. Le Messager (1963) est le premier roman de sa trilogie romanesque dédiée à New York et à ses marges. En grande partie autobiographique, ce récit dresse une galerie de portraits de marginaux, prostitué(e)s, gitans, travestis, drogués qu’il côtoie dans une ville gangrenée par le racisme et la pauvreté.

James Baldwin dira : « On dévore ce livre avec une hâte d’autant plus douloureuse qu’il est à la fois si mesuré et si tendu. Parfois on n’a plus l’impression de lire un roman, on jurerait que quelque chose vous arrive. Je croyais entendre la musique, sentir les odeurs, découvrir toutes ces rues et rencontrer tous ces gens et j’étais assailli sans cesse par l’étonnement même qui nous assaille si souvent dans la vie (…). Peu importe ce que peuvent dire les sages de la Cité. Telle est New York… »

A la Bpi, niveau 3, 821 WRIG.H 4 ME 

Rédiger un commentaire

Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires

Réagissez sur le sujet