Chronique

Appartient au dossier : Survivre au NaNoWriMo 2015

Survivre au NaNoWriMo : Carnet de bord #5

Chaque année, des milliers d’aspirants écrivains se lancent un défi : écrire un roman de 50 000 mots en l’espace de trente jours, du 1er au 30 novembre. Véritable marathon d’écriture, le NaNoWriMo nécessite une bonne préparation et une grande endurance. Parmi les conseils les plus souvent donnés aux « nanoteurs » : prévenir leurs proches qu’ils ne seront pas disponibles au mois de novembre et se forcer à écrire, même un tout petit peu, chaque jour. Même si elle est émaillée de rencontres conviviales entre auteurs et de moments d’intense satisfaction, cette aventure peut être un vrai parcours du combattant. Julien Morgan, pour sa huitième participation, vous donne tout au long du mois les clés d’un NaNo réussi.

NaNoWriMo à la Bpi
« La mascotte d’un participant, lors de la soirée de lancement du NaNoWriMo à la Bpi » © Emilie Barbier – https://www.facebook.com/transluceo/

Mardi 1er décembre

BILAN (PREMIERE PARTIE)
Compteur
42 677 / 50 000 mots

Avant de parler, plus tard dans la semaine, de la façon de gérer l’après-Nano (et dans une certaine mesure le Nano blues), faisons le bilan de ce qui a été fait et ne sera plus à faire.

Stricto sensu, l’objectif est manqué pour moi. Je n’ai pas réussi à maintenir le rythme que je m’étais fixé pour diverses raisons – mais il y a toujours des raisons, n’est-ce pas ? Si je devais avancer une explication, je dirais que cette année, par rapport aux précédentes, j’ai globalement moins participé aux write-ins pour des questions de disponibilité. Ce qui permet de se rendre compte qu’écrire avec d’autres nanoteurs est réellement plus productif qu’écrire seul chez soi, pour moi en tout cas.

Le PUFF est achevé à environ 30%. Une bonne partie des premiers chapitres sont écrits, les quelques scènes-clé plus loin dans l’intrigue fonctionnent pas mal et l’ambiance générale est celle que j’avais envisagée. Une fois que j’aurai remis le nez dedans (c’est-à-dire dans, hum, quelques années ?), ce sera un roman d’urban fantasy qui tient la route. Je pense qu’abandonner son premier jet pendant un certain temps, le laisser « pourrir », est une bonne chose. D’abord, un texte écrit à la va-vite est toujours à prendre avec des pincettes. Souvent, on se rend compte qu’on a laissé libre cours à l’émotion, au ressenti immédiat ou à l’atmosphère d’un moment, lesquels n’ont pas grand-chose à faire dans un manuscrit, à moins d’être scrupuleusement canalisés. Ensuite, je crois qu’on n’est pas le meilleur juge de son propre travail et qu’un peu de recul s’impose pour prendre les décisions les plus pertinentes pour la suite (car oui, le Nano est fini, mais beaucoup d’entre nous continuent !).

Une des leçons que je tire de cette édition, c’est que tout arrive. Tout le temps.

Certes, le mois de novembre a été particulièrement éprouvant cette année en France, mais finalement, l’un des grands challenges de l’écriture a toujours été la résilience, la manière dont nous repoussons les grappins que la vie lance sans arrêt sur notre montgolfière pour nous tirer vers le bas. Écrire, c’est un peu comme conduire une Ferrari : on a du potentiel sous le capot et, quand l’occasion se présente, on peut piquer de sacrées pointes et rendre justice au bolide qu’on a entre les mains ; mais la plupart du temps, la course est freinée par les bouchons, les panneaux de limitation de vitesse et les stops. De temps à autre, c’est même l’accident. Ou l’impasse. Toute la subtilité d’un environnement d’écriture épanouissant consiste à trouver la route sur laquelle on peut speeder avec le moins de contraintes possibles. Ces routes sont rares, mais on peut les dénicher. Je nourris depuis longtemps l’intime conviction qu’il y a plus de mérite à échouer en persistant dans une entreprise ambitieuse, qu’à exceller dans la bagatelle. Quitte à s’infliger des remises en question parfois violentes ou à s’attirer le jugement sévère de nos proches.

Comme tous les ans, le bilan est de toute façon positif pour moi. Je me suis moins surpassé que ce que j’espérais, mais j’ai appris des choses. Encore et toujours, en huit ans de NaNoWriMo, j’apprends toujours des choses. J’ai un peu grandi – dans l’écriture comme sur le plan humain (et il y a encore du boulot !) – et ça a tout à voir avec les gens avec qui j’ai échangé cette année, les vieux loups de mers du Nano, aussi bien que ceux que j’ai rencontrés cette année pour la première fois.

Avec en bonus, un nouveau domaine d’exploration pour le futur : les logiciels de dictée de mots. Je me souviens d’un temps (il y a mpfmpf ans) où ces gadgets n’était ni vraiment au point, ni particulièrement efficaces. Aujourd’hui ils semblent être plébiscités par pas mal d’auteurs et notamment des nanoteurs. Affaire à suivre…

Publié le 01/12/2015 - CC BY-SA 4.0

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