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Appartient au dossier : Quatre exemples de démocratie participative locale

Démocratie participative et locale 3/4 : le programme Fifty-Fifty

Certaines villes multiplient les initiatives pour susciter l’intérêt des habitants et leur offrir la possibilité de participer à l’élaboration de leur cadre de vie. L’échelon local est sans doute le plus adapté pour expérimenter la participation citoyenne et obtenir des résultats tangibles. Balises vous propose plusieurs exemples de dispositifs permettant l’implication des citoyens mis en place par des villes de tailles diverses.

Jeunes évoluant sur un Skatepark réalisé en projet fifty-fifty
Skatepark de Loos-en-Gohelle, © Loos-en-Gohelle

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Dans la commune de Loos-en-Gohelle (6 647 habitants), la participation habitante est le fondement de l’action et la garantie de l’adhésion du plus grand nombre. La municipalité a développé, en 2000, un programme nommé le « Fifty-Fifty » pour décliner le concept d’« habitant-acteur ». Il repose sur trois principes : une idée, un appui de la commune et une convention. Lorsque les Loossois (citoyen, groupe d’habitants, association, école, etc.) ont une idée, ils peuvent saisir la commune et proposer une action. La municipalité s’engage alors à leurs côtés et soutient financièrement et techniquement le projet. Les porteurs du projet s’engagent par convention avec la mairie à le mettre en œuvre et à assurer sa pérennité. Plusieurs centaines d’habitants sont impliqués depuis le début du programme et cinq à six projets Fifty-Fifty sont montés tous les ans. 

La réalisation du skatepark, il y a quelques années, est emblématique de ce principe « gagnant-gagnant ». Suite au démontage du skatepark pour des raisons de sécurité, les jeunes de la ville et des alentours ont fait part de leur mécontentement à la municipalité, qui leur a proposé de participer à la construction d’une nouvelle aire pour skates. L’emplacement, le choix des rampes, le budget, les règles d’utilisation ont été déterminés lors de réunions de travail réunissant élus, agents et habitants. Les services de la Mairie ont été transparents quant aux contraintes (règles d’urbanisme, voisinage, budget) et chaque partie prenante s’est adaptée aux demandes et exigences des autres.
Le projet a mis plusieurs années pour aboutir, un délai accepté par les porteurs de projet qui ont préféré attendre pour permettre à la mairie de dégager un budget suffisant pour financer un équipement de bonne qualité. Ayant participé à ce projet, ils se sont approprié l’espace et se comportent, de manière autonome, comme les garants des règles d’utilisation établies avec eux. Finalement, le lieu répond pleinement aux attentes des skateurs et a été peu dégradé.

La démarche participative a permis d’obtenir un produit final plus proche des besoins et des attentes des utilisateurs de cet espace, mais aussi de rétablir la confiance et de développer des liens entre les divers acteurs concernés. Les compétences acquises durant l’élaboration et la réalisation d’un programme Fifty-Fifty ainsi que la fierté d’avoir mené un projet d’intérêt collectif à son terme conduisent généralement les participants à renouveler cette expérience sur d’autres sujets. L’implication habitante nécessite des moyens (un mi-temps de fonctionnaire et l’accompagnement par un cabinet spécialisé à Loos-en-Gohelle) et du temps, mais elle est la condition nécessaire pour un plus juste exercice de la démocratie et le renforcement du collectif à l’échelle de la commune. 

Publié le 17/12/2019 - CC BY-SA 3.0 FR

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