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Appartient au dossier : En luttes ! Treize minutes : Mai 68

Treize minutes : les chansons contestataires

Quelles traces de Mai 68 retrouve-t-on dans notre société cinquante ans après les événements, en 2018 ? Cinq intervenant·es y réfléchissent en treize minutes, au prisme de leur discipline ou de leur expérience. Cécile Prévost-Thomas, maîtresse de conférence en musicologie à l’université Sorbonne Nouvelle Paris 3, s’intéresse à la persistance de certaines formes de chanson contestataire.

Cécile Prévost-Thomas commence par retracer les origines des chants contestataires. Si l’étymologie du verbe « contester » remonte au 12ᵉ siècle, le terme « contestataire » apparaît dans les dictionnaires de la langue française en 1968. Néanmoins, certaines chansons de troubadour, au Moyen Âge, correspondent déjà à sa définition.

Les chants de Mai 68

La sociologue distingue plusieurs formes de chanson contestataire. Les chants de luttes, comme L’Internationale, écrite par Eugène Pottier en 1871, se transmettent depuis des siècles. Sur la partition originale, il est indiqué « chant révolutionnaire ». Dans tous les documents audio et vidéo de 68, on entend L’Internationale. Elle est encore entonnée dans les manifestations actuelles et dans les réunions syndicales.

Les chansons à timbres traversent, elles aussi, les époques : l’air est conservé, mais les paroles détournées. Par exemple, La Bicyclette, chantée en 1968 par Yves Montand, devient La Mitraillette. Des chanteur·ses comme Leny Escudero, Francesca Solleville, Colette Magny, Jean Ferrat, Isabelle Aubret…, venaient chanter dans les usines, mais leur registre n’était pas toujours adapté. De nouvelles mélodies ont donc été écrites, comme Grève illimitée, de l’actrice Dominique Grange. On retiendra de la création de Mai 68 « plus les slogans que les chansons, puisque celles qu’on chantait dans la rue étaient des chansons d’un autre siècle ».

Et aujourd’hui ?

Entre 1990 et 2017, on assiste au retour des chants de lutte collectifs et au mélange des genres : chants issus du patrimoine et du répertoire contemporain, création de chansons sur timbres, ou pas. La sociologue observe l’apparition d’une manière statique de chanter dans la rue : place de la République pour la chorale de Nuit Debout, autour d’un stand pour une manifestation syndicale.

On chante également de moins en moins dans les manifestations. Les instruments de musique, les fanfares et la sonorisation sont de plus en plus présents dans les cortèges. Cependant, de jeunes artistes s’inscrivent dans la continuité de la chanson contestataire, comme Cyril Mokaiesh avec « L’esprit 68 », un concert littéraire autour de Mai 68.

« Treize minutes » est un format original de rencontres transdisciplinaires. Retrouvez l’enregistrement de l’intégralité de cette rencontre sur la WebTv.

Publié le 20/06/2018 - CC BY-NC-SA 4.0

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