Sélection

Appartient au dossier : Lectures d’été 2020

Lectures d’été 7/10 : 5 récits de voyage

De Marco Polo à Alexandra David-Néel, la tradition du récit de voyage nous a laissé des textes inoubliables. Mais quelle place reste-t-il à cette forme littéraire, à l’heure où le globe entier a été arpenté, exploré et cartographié ?

Qu’ils partent à pied, à vélo, en bateau ou en voiture, les écrivains d’aujourd’hui nous prouvent que les récits de voyage ont encore beaucoup à nous apprendre. En quête de dépassement de soi ou de rencontres authentiques avec l’altérité, ces récits restituent l’émerveillement sans cesse renouvelé face au monde et à ceux qui le peuplent. Tu vas voir ce que tu vas lire vous invite à partir à l’aventure avec cinq écrivains-voyageurs contemporains.

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Publié le 03/08/2020 - CC BY-SA 3.0 FR

Sélection de références

L'usage du monde

L'Usage du monde

Nicolas Bouvier, Thierry Vernet
La Découverte, 1963

De juin 1953 à décembre 1954, Nicolas Bouvier et son ami peintre Thierry Vernet ont voyagé de la Yougoslavie à l’Afghanistan. Il faut les imaginer, dans leur petite Fiat Topolino grande comme un pot de yaourt, tailler la route de Belgrade à Kaboul dans les conditions d’accessibilité de l’époque. À une époque où le voyage n’est que peu démocratisé, pour les deux compères comme pour les lecteurs des années soixante, c’est la grande aventure, dépaysante à souhait ! Aujourd’hui encore, L’Usage du monde demeure captivant, grâce à l’écriture magnifique de Nicolas Bouvier. L’auteur passe du trivial (les ennuis mécaniques) au sublime (les déclinaisons de la couleur bleu de la Grèce à l’Iran), nous laissant merveilleusement entrevoir les paysages rencontrés. Faisant corps avec ce qui les entoure, Nicolas Bouvier et Thierry Vernet livrent un voyage ponctué d’instants de grâce, élévé justement au rang de classique de la littérature.

​À la Bpi, niveau 3, 842 BOUV 1

Dernières nouvelles du Sud

Luis Sepúlveda, Daniel Mordzinski
Métailié, 2011

En 1996, Luis Sepúlveda et le photographe Daniel Mordzinski se lancent dans un périple à travers la Patagonie, en territoire argentin et chilien, à la découverte des habitants de ces contrées lointaines. Ils racontent avec humour et poésie des rencontres insolites avec un luthier qui parcourt la steppe à la recherche d’un violon, une vieille femme aux mains miraculeuses, un lutin vêtu de rouge, un ivrogne qui prétend être l’arrière-arrière-petit-fils de Davy Crockett…
Mettant à l’honneur la générosité et l’hospitalité des personnes qui les accueillent, leur récit est aussi une réflexion sur l’histoire : la colonisation brutale, les massacres d’Indiens, le passé nazi de l’Argentine, les dictatures et les traces qu’elles ont laissé comme dans le chapitre saisissant qui évoque la chevauchée des deux auteurs dans un champ… semé de mines par les militaires de Pinochet lors de la guerre des Malouines. Ils dénoncent aussi les conséquences désastreuses du capitalisme et les privatisations (celle du chemin de fer en particulier) et témoignent de la transformation des paysages et des modes de vie. Dernières nouvelles du Sud se fait alors le récit d’un monde disparu.

À la Bpi, niveau 3, 868.49 SEPU 4 UL

Le Grand Marin

Catherine Poulain
Éd. de l'Olivier, 2016

Passionnée par la mer, Lili embarque depuis un port de l’Alaska pour un voyage sur un bateau de pêche. Pour elle qui a fui très jeune le confort morne d’une petite vie bourgeoise en France, partir au large à bord du « Rebel » est le symbole d’un aboutissement. Cette grande voyageuse va pourtant devoir tout réapprendre et apprivoiser un quotidien totalement étranger, voire hostile, fait de froid et de fatigue. Elle vit cette aventure aux côtés d’un équipage uniquement masculin au sein duquel elle se fait peu à peu une place.
Inspirée par son expérience personnelle, Catherine Poulain livre un récit initiatique suspendu, entre terre et mer. Rendant grâce à ses camarades de travail, des hommes taiseux et rugueux, parfois même brutaux, elle signe un texte d’une grande liberté, au plus près de la rudesse des hommes et de la nature.

À la Bpi, niveau 3, 840″20″ POUL 4 GR

Sur la route du Danube

Emmanuel Ruben
Rivages, 2019

Remonter le Danube à vélo : c’est le défi un peu fou que se lancent Emmanuel Ruben et son ami Vlad au cours de l’été 2016. En quarante-huit jours, ils parcourent près de quatre mille kilomètres et traversent une dizaine de pays. Au fil de cette odyssée, Emmanuel Ruben, géographe de formation, est attentif au moindre relief et au moindre méandre. Mais c’est surtout le cortège de fantômes de la vieille Europe qui défile sous les yeux des deux voyageurs. D’Odessa à Sigmaringen et de Belgrade à Budapest, les plaies de l’Histoire sont partout visibles, révélées par de nombreuses anecdotes qu’Emmanuel Ruben manie avec une fine érudition, mais aussi par les vies ordinaires, croquées à grands traits, de tous les personnages croisés au long de ce voyage à hauteur d’hommes et de femmes. Teintant Sur la route du Danube d’une infinité de nuances, cette constellation de portraits pose avec insistance une question on ne peut plus actuelle : qu’est-ce que l’Europe, cette vieille fiction dont l’histoire est « un feuilleté de strates où se mêlent le réel et l’imaginaire » ? Sans avancer de réponses mais en proposant un décentrement salvateur vers l’Est, le récit de voyage singulier offre une riche réflexion sur le passé et l’avenir du vieux continent.

À la Bpi, niveau 3, 840″20″ RUBE 4 SU

Sans jamais atteindre le sommet : voyage dans l'Himalaya

Paolo Cognetti
Stock, 2019

Fasciné par les Alpes depuis sa plus tendre enfance, Paolo Cognetti a fait de la montagne le moteur spirituel de ses voyages et de son écriture. Pour ses quarante ans, il décide d’embarquer pour les terres isolées du Népal, sur les traces du Léopard des neiges de Peter Matthiessen, son livre de chevet. Au cœur des hauts sommets de l’Himalaya, c’est une véritable expédition qui s’organise, composée d’amis, de guides, de porteurs et de mulets. Sur plusieurs centaines de kilomètres, entre vallées et cols, Paolo Cognetti éprouve la beauté des paysages arides, le mystère des présences animales, les rencontres fugaces avec les habitants, en même temps que ses propres limites physiques. En partageant sa route, il nous fait le récit contemplatif d’un voyage où le chemin compte bien plus que le sommet. C’est tout l’art de Cognetti, dont la limpidité porte la montagne à l’essentiel.

À la Bpi, niveau 3, 850″20″ COGN 4 SE

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