Wolfgang Tillmans : « Cette exposition est aussi un portrait de la Bpi »
Exposition Rien ne nous y préparait - Tout nous y préparait

Pendant des mois, Wolfgang Tillmans aura arpenté sans faillir les 6.000 m² du niveau 2 de la Bpi pour en détailler scrupuleusement chaque mur, chaque allée, chaque carré de moquette. Pour son exposition, l’artiste allemand propose de changer de perspective, de jouer avec l’espace, et de regarder la bibliothèque, vidée de ses livres et de son mobilier, comme un parcours immersif sonore, visuel et émotionnel. Un projet immense, en taille et en temps, pour celui qui n’a pas été exposé à Paris depuis 2002 (c’était au Palais de Tokyo).

Une sculpture vidéo sur le mur de l’espace Autoformation

Venu présenter son projet au personnel de la Bpi en octobre 2024, Wolfgang Tillmans séduit par sa gentillesse, sa passion, son respect des livres, de la presse, de l’écrit en général. Excité comme un enfant à l’idée d’immerger son art dans cet espace qu’il sait mythique, résonnant de la présence de générations successives venues étudier entre ces 4 murs, il relève le défi d’occuper le seul étage du Centre Pompidou sans aucun mur intérieur. “Je souhaite que cette exposition soit aussi un portrait de la Bpi”, précise-t-il. Effectivement, il utilise les grandes tables et les anciens rayonnages vides comme des vitrines, mêlant horizontalité et verticalité, délimite des espaces de projection et d’installation sonores, implante une “sculpture vidéo” de 60 écrans sur le mur de l’espace Autoformation, conserve par endroit des vestiges de l’ancienne moquette violette… 

Ce n’est pas une rétrospective, mais une exploration de près de 40 ans de pratiques artistiques de ce photographe engagé, emblématique de la contre-culture post punk, urbaine, électro…, une plongée dans l’univers et l’oeuvre de Tillmans, tellement diverse et foisonnante qu’elle fait fi de toutes les tentatives de classification. Le résultat : une sorte de cartographie de l’époque, ponctuée d’installations visuelles et sonores, de photographies bien sûr, de coupures de presse… marquée par le sens du détail et de l’intime caractéristique de son œuvre, et son talent inné pour capter l’air du temps. Autant de raisons qui font que son art fait écho en chacun et chacune d’entre nous.