Press Start : soirée spéciale autour de l’oeuvre du vidéaste Benjamin Nuel

La Bpi consacre une soirée spéciale à l’oeuvre du vidéaste Benjamin Nuel (HOTEL) dans le cadre du festival de jeux vidéo Press Start samedi 26 septembre à 19h30.

photo de Benjamin Nuel
Benjamin Nuel, © Vincent Courtois

Né en 1981 à Saint Etienne, le vidéaste Benjamin Nuel navigue depuis ses débuts entre le cinéma traditionnel et l’art du jeu vidéo. Son oeuvre est traversée par le thème de la catastrophe qui habite nombre de ses projets, de la série HOTEL, où il mobilise l’imaginaire de jeux vidéo comme Counter Strike ou les Sims, à ses récents projets en réalité virtuelle, comme HERITAGE ou L’Île des Morts. C’est pour ces raisons que la Bibliothèque publique d’information lui consacre une soirée spéciale à l’occasion de Press Start 2020, le festival de jeux vidéo : Rendez-vous samedi 26 septembre à 19h30 pour une projection d’une sélection d’œuvres de Benjamin Nuel, suivie d’une discussion avec le vidéaste. Entretien : 

Qui êtes vous Benjamin Nuel ?

Benjamin Nuel : je suis un artiste bipolaire, dans le sens où j’évolue dans le milieu du cinéma et celui du jeu vidéo.

Hotel est projeté dans le cadre du festival Press Start. Pouvez vous nous expliquer la genèse de ce projet un peu fou ?

Benjamin Nuel : C’est un projet qui a commencé très tôt, quand je faisais mes études au Fresnoy (ndlr : le studio national des arts contemporains à Tourcoing). L’école propose des moyens de production avec une enveloppe budgétaire pour réaliser deux œuvres. HOTEL a démarré dans ma deuxième année, quand j’ai souhaité créé un jeu vidéo en 3D temps réel. J’ai senti très longtemps qu’il y avait un potentiel artistique dans ce médium là. Il y avait les outils et le budget pour le faire alors j’ai sauté sur l’occasion. La première version était une oeuvre interactive que je présentais comme un jeu vidéo et donc le principe était de prendre les personnages de Counter Strike (ndlr : un jeu de guerre culte) et de les recréer, puis de les placer dans un monde à l’opposée de leur univers guerrier : un hôtel de luxe à la campagne.
J’ai terminé mes études, mais j’était un peu frustré d’avoir fait une oeuvre non-narrative. J’ai donc produit 3 épisodes de la « série » HOTEL qui racontait la fin du monde. Arte a vu ces épisodes et a financé la suite, me permettant ainsi de produire 10 épisodes.

Vous avez remporté de très nombreux prix et bourses pour votre travail. Duquel êtes vous le plus fier ?

Benjamin Nuel : La première bourse était importante : c’était une aide à l’écriture pour le court métrage que j’ai réalisé la première année au Fresnoy. Je sortais des Beaux-Arts de Strasbourg, j’ai reçu de l’argent pour le faire, ça légitimait mon travail. Et puis le Prix de la meilleure histoire en réalité virtuel que j’ai remporté à la Mostra de Venise en 2018, c’est très prestigieux.

Quel regard portez vous sur l’industrie du jeu vidéo à l’heure actuelle ?

Benjamin Nuel : J’ai l’impression qu’elle est régit presque uniquement par l’économie de marché. C’est un peu le far west, avec d’énormes studios qui ont fait leur gloire sur d’énormes licences.
À coté de ça, on trouve les studios indépendants dont l’offre me satisfait amplement et fait qu’à 38 ans, je joue encore.

Le jeux vidéo comme outil de médiation dans une bibliothèque, qu’en pensez vous ?

Benjamin Nuel : C’est très bien ! On utilise déjà le cinéma depuis longtemps en bibliothèque. Peu importe le médium : si l’oeuvre propose une réflexion intellectuelle, c’est un support idéal pour faire de la médiation auprès des public.

A quoi joue Benjamin Nuel en ce moment ?

Benjamin Nuel : J’ai toujours un peu de retard à cause de mes cartes graphiques qui en ont aussi, donc je joue à des jeux sortis il y a 3 ou 4 ans. Ma dernière grosse émotion, c’est The Witcher 3, une oeuvre très adulte produite par un gros studio. Du côté des studios indépendants, ma dernière grosse claque c’est Inside du studio Playdead.

Publié le 07/09/2020 - CC BY-SA 4.0