Artistes et occultisme au XIXe siècle
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La Bpi vous propose une sélection de documents consacrée à l’occultisme dans le monde artistique du XIXème siècle, jusqu’au 6 novembre 2023.

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Le terme « occultisme » apparaît en 1842 dans le Dictionnaire des mots nouveaux. Il est issu de l’adjectif occulte – en latin occultus – qui signifie « caché » et désigne la pratique et la théorisation des sciences occultes qui s’étendent de l’astrologie à la Kabbale et englobent les arts divinatoires, l’alchimie et la magie.

Tantôt assimilé, tantôt opposé à l’ésotérisme, il présente la même recherche d’une connaissance initiale et l’appréhension du monde invisible. C’est la fascination et l’inquiétude face à ce qui échappe à la compréhension qui motive ses adeptes. L’idée d’un continuum entre les différentes parties de l’univers et d’un faisceau de
correspondances entre les niveaux de réalité fonde les pratiques occultes. La différence majeure qui réside entre les deux termes est le caractère obligatoirement initiatique de l’ésotérisme. Il est réservé à des initiés et obéit à un ordre strict quand l’occultisme se fait plus souple dans la transmission du secret.

Il n’est pas étonnant que le XIXème siècle voie se développer ce goût pour l’irrationnel et les mystères de la nature. Les Lumières issues du XVIIIème ne parviennent pas à apporter les explications satisfaisantes et la religion autrefois rassurante est affaiblie.

La naissance du spiritualisme moderne aux Etats-Unis avec les soeurs Fox en 1848 participe grandement de cet
essor. La communication avec les esprits, les manifestations de l’au-delà, les tables tournantes passionnent les
personnalités les plus diverses. Camille Flammarion, Victor Hugo, Charles Baudelaire, Arthur Conan Doyle, Walter
Scott, Honoré de Balzac, Gérard de Nerval, Gustave Courbet deviennent de fervents amateurs des sciences occultes.

Le néo-occultisme se développe en France (1853-1920) avec des figures charismatiques comme Eliphas Lévi (Dogme et Rituel de la haute magie, 1854-1861), Papus (Traité méthodique de science occulte, 1891), Allan Kardec (Le livre des esprits 1857), Joséphin Péladan. Ce dernier fonde en 1888 l’ordre de la Rose Croix Kabbalistique et en 1889 il organise le premier des Salons de la Rose Croix où sont exposés des dizaines d’artistes français et étrangers parmi lesquels Hodler, Delville, Schwabe, Khnopff, Bourdelle.

En 1875 à New York, Héléna Blavatsky fonde la société théosophique. Elle introduit des références orientales dans
l’occultisme occidental pour parvenir à un syncrétisme reliant les grandes traditions religieuses.

La recherche d’une unité dans la connaissance des grands principes de l’univers motive la création de ces sociétés
initiatiques. C’est également la volonté de retrouver une spiritualité disparue et de s’opposer à la matérialité du monde moderne industriel et positiviste qui inspire de nombreux artistes symbolistes, nabis, préraphaélites et plus tard surréalistes.

Saisir la face cachée de la nature et voir l’homme au-delà des apparences est l’ambition de nombre d’entre eux. Pour ce faire, les pratiques proposées par les mages, médiums, théosophes sont autant de portes d’entrée sur ces mondes mystérieux et les œuvres qui en découlent en sont le plus souvent profondément marquées.

Il pourrait sembler contradictoire de voir l’occultisme moderne naître et se développer au XIXème siècle alors que le monde occidental entre dans l’ère de l’industrialisation et du progrès scientifique et technique. En réalité, il est une conséquence directe de cette perte de spiritualité qui caractérise ce « désenchantement du monde ».

Si l’occultisme va prendre de nouveaux aspects et apparaître sous d’autres dénominations (parasciences,
parapsychologie…), il demeure néanmoins très présent aux siècles suivants. Le psychiatre Carl Jung s’intéresse très tôt aux pratiques spirites et à l’alchimie, faisant des phénomènes occultes un matériau pour l’élaboration ses théories de la psychologie profonde. René Guénon, d’abord adepte, deviendra un virulent opposant à l’occultisme, lui préférant un ésotérisme métaphysique imprégné d’un symbolisme traditionnel.

Au XXème siècle, les artistes vont continuer de s’inspirer de l’invisible et de l’incompréhensible et poursuivre la
recherche d’une connaissance cachée. Les surréalistes d’abord puis les adeptes de l’Art Brut vont poursuivre cette exploration à travers l’écriture automatique et la figure du peintre médium.

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Publié le 06/09/2023 - CC BY-SA 4.0