Croissance et climat : un couple infernal ?
Notre sélection de ressources

Du 17 novembre au 14 décembre 2021, à l’occasion de la rencontre « Croissance et climat : un couple infernal ? », le service Savoirs pratiques vous propose une sélection de ressources sur le thème du développement durable.

© Julie Védie / Bpi

Le dernier rapport du GIEC est sans appel : « À moins de réductions immédiates, rapides et massives des émissions de gaz à effet de serre, la limitation du réchauffement aux alentours de 1,5 °C, ou même à 2 °C, sera hors de portée ». Malgré cela, les efforts consentis par les États restent insuffisants, et les promesses peinent à être tenus. De nouveaux engagements ont été pris à l’occasion de la COP26, mais selon Inger Andersen, économiste et directrice du Programme des Nations unies pour l’environnement, ils ne sont pas à la hauteur de l’urgence : « c’est la montagne qui a accouché d’une souris ».

Parallèlement, l’OCDE se félicite de la reprise économique : la croissance du produit intérieur brut mondial devrait bondir de 5,7% en 2021 et 4,5% en 2022. Une bonne nouvelle pour l’économie, mais une mauvaise pour le climat, car le niveau de concentration de gaz à effet de serre va lui aussi bondir de 4,9% d’ici à la fin de l’année 2021. On constate ainsi l’impact direct de l’économie sur le dérèglement climatique : dès que la production repart, les énergies fossiles reprennent du service et provoquent une hausse des émissions de CO2, de méthane, et d’autres gaz polluants, responsables du réchauffement de la planète. Alors comment concilier croissance économique et protection du climat ?

Pour répondre à cette question, la plupart des États plébiscitent le recourt à un développement durable, c’est-à-dire un développement « qui réponde aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Aujourd’hui, on parle surtout de « croissance verte » pour décrire la promotion et le développement de filières plus respectueuses de l’environnement. Or, pour continuer à croître tout en diminuant nos émissions de carbone, il faut réaliser une transition énergétique. Cette transition doit nous permettre de réduire notre consommation d’énergies fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon, etc.), au profit d’énergies propres et renouvelables (solaire, éolien, biomasse, etc.). Mais cette stratégie pose de nombreuses questions : le nucléaire fait-il partie des énergies vertes ? Ces énergies sont-elles rentables ? Comment peuvent-elles être stockées ? Seront-elles suffisantes pour absorber la demande mondiale en énergie dans une économie en expansion ?

Pour les partisans de la décroissance, la croissance verte est un mirage : la planète est en train d’atteindre ses limites, et la recherche obsessionnelle de croissance économique n’est qu’une fuite en avant. Dès 1972, les conclusions du rapport Meadows bousculaient l’orthodoxie économique en affirmant qu’une croissance infinie est impossible dans un monde fini. De plus, ce n’est pas un bon indicateur de développement car elle ne reflète que l’augmentation de la production (le PIB), et non son impact sur l’environnement ou sur le bien-être des populations. Les objecteurs de croissance appellent donc à entrer dans une sobriété économique plus respectueuse de la planète et des individus. En réduisant la production de biens de consommation et en favorisant les secteurs les plus essentiels (éducation, santé, agriculture, commerces de proximités, etc.), les émissions de gaz à effet de serre pourrait chuter drastiquement, comme l’ont montré les périodes de confinement en 2020. Produire moins, réduire son empreinte carbone, baisser son niveau de vie, renoncer au plein-emploi… un discours qui peut être difficile à entendre par des populations précaires ou issues de pays sous-développés.

D’autant plus que ces populations ne sont pas vraiment responsables du dérèglement climatique. En effet, la moitié la plus pauvre de la population mondiale n’émet que 12% des gaz à effet de serre, tandis que les 10% les plus riches en émettent 50% ! Or, ce sont aussi ces derniers qui captent le mieux les fruits de la croissance économique : « depuis 40 ans, les 1 % les plus riches ont profité deux fois plus de la croissance des revenus que les 50 % les plus pauvres ». Ces chiffres interrogent : plutôt que concilier croissance et climat, ne s’agirait-il pas plutôt de concilier « fin du monde » et « fin du mois » ? Selon l’économiste Joseph Stiglitz, lauréat du prix dit Nobel d’économie en 2001, une meilleure redistribution des richesses est nécessaire et permettrait d’entrer dans une décroissance ou un équilibre soutenable. Pour d’autres économistes, il faut aller plus loin et s’extraire d’une économie de marché qui sacrifie le facteur environnemental au profit de la rentabilité. Les alternatives existent et les propositions ne manquent pas : économie sociale et solidaire, économie écologique, développement des communs et des coopératives, etc. Se dirige-t-on vers un changement de modèle économique ?

Venez approfondir vos connaissances sur ce sujet majeur à l’occasion d’une sélection de documents proposée par nos bibliothécaires du 17 novembre au 14 décembre 2021 à l’entrée du niveau 2. Vous pouvez également consulter en ligne ou télécharger en PDF la bibliographie réalisée pour l’occasion.

Publié le 17/11/2021 - CC BY-SA 4.0