Howard Zinn (1922-2010) : notre sélection de ressources

Du 5 juillet au 23 août, la Bpi vous propose une sélection de ressources et de documents autour de l’historien américain Howard Zinn, auteur d’une célèbre Histoire populaire des États-Unis.

Photo Julien Masson / Bpi

A l’occasion du centenaire de sa naissance, la Bpi souhaite rendre hommage à l’historien américain Howard Zinn (1922/2010), auteur de l’Histoire populaire des Etats-Unis, publiée en 1980.

Depuis sa parution, il y a plus de quarante ans, cette Histoire populaire ne cesse de susciter l’engouement : deux millions d’exemplaires vendus aux Etats-Unis, des dizaines de dérivés culturels, un film documentaire, un roman graphique, des outils pédagogiques, une pièce de théâtre, une lecture par des stars hollywoodiennes…
Incroyable succès éditorial pour un auteur jusque-là accoutumé aux publications confidentielles, l’Histoire populaire des Etats-Unis est pourtant bien plus qu’une aubaine commerciale. Howard Zinn y interroge le métier d’historien, en revendique la subjectivité, et met à mal le récit national en écornant des figures jusque-là célébrées sans dissonances, des Pères fondateurs de la démocratie américaine aux présidents démocrates du XXème siècle.
En marge de la mémoire officielle, il réécrit l’histoire de son pays, mais « par le bas ». Point de westerns, de chevauchées fantastiques, d’épopées héroïques, de présidents glorieux chez Zinn. Ce sont les « oubliés », les invisibles, qui sont ici réhabilités. La mémoire des indiens, des ouvriers d’usines, des grévistes et des militants, des femmes, des chômeurs, des noirs et des chicanos, des GI du Vietnam est bien vivante. Elle révèle une autre Amérique : une Amérique populaire, moins lisse qu’il n’y paraît. Il décrit des vies âpres, des massacres militaires, des guerres d’occupation, des grèves réprimées et des conflits de classes, dans une perspective bien éloignée de la prospérité vantée par « l’american dream ».

Pour écrire son histoire des oubliés, Howard Zinn s’appuie sur des sources inédites et singulières: articles de journaux, correspondances intimes, œuvres de fiction, recueil d’histoires orales, chansons populaires. Il dépeint « la découverte de l’Amérique du point de vue des Arawaks, l’histoire de la Constitution du point de vue des esclaves, celle d’Andrew Jackson vue par les Cherokee, la guerre de Sécession par les irlandais de New York, celle contre le Mexique par les déserteurs de l’armée de Scott, l’essor industriel à travers le regard d’une jeune femme des ateliers textiles de Lowell…»
Ses recherches se déclinent en fait en plusieurs ouvrages : Zinn publia tout au long de sa vie des travaux divers autour du racisme, du monde ouvrier, de l’anarchisme, de l’idée de guerre et de pacifisme, ou de la notion de désobéissance civile. Critique de la notion d’objectivité en histoire, ses positions radicales lui valent l’hostilité du monde académique, qui lui reproche parfois une perspective singulière, militante, teintée d’émotions, binaire.
Il a par contre touché un large public. En racontant l’Histoire américaine à travers des épisodes jusque-là enfouis dans l’ombre, Howard Zinn espère « déclencher une prise de conscience des conflits de classe, de l’injustice raciale, de l’inégalité des sexes et de l’arrogance américaine (…mais également) mettre en lumière la résistance au pouvoir de l’establishment, le refus des indiens de mourir et de disparaître, la rébellion des Noirs contre l’esclavage puis contre la ségrégation, les grèves organisées par la classe ouvrière ».
Car l’histoire de la solidarité et des luttes reste au cœur de son œuvre.

Militant infatigable, son parcours de “transclasse” comme on dit aujourd’hui, est à l’image de son travail d’historien. Fils d’immigrés juifs polonais, il grandit à New York dans un milieu pauvre. Ouvrier sur les chantiers navals de Brooklyn, il rejoint l’armée en 1943. Son expérience militaire le bouleverse : sa première prise de conscience politique s’inscrit dans le mouvement pacifiste. Ancien soldat issu de la classe ouvrière, il bénéficie de la loi GI Bill of Rights, qui permet aux militaires démobilisés de s’inscrire gratuitement à l’Université. Il obtient son doctorat d’Histoire en 1958 et fait carrière dans l’enseignement supérieur. Il accède, avec sa jeune famille, aux rangs de la classe moyenne.
C’est toutefois hors du champ académique qu’Howard Zinn affine sa pensée politique et son action militante : dès la fin des années 50, il s’engage dans le mouvement des droits civiques contre la ségrégation raciale ; puis affirme son opposition à l’intervention américaine au Vietnam, en soutenant par exemple les jeunes américains qui refusent la conscription. Il consacre ensuite son énergie militante aux nombreuses luttes syndicales qui se jouent sur les campus.

Cent ans après sa naissance, la Bpi souhaite rendre hommage à son travail à travers cette sélection de ressources et de documents à consulter jusqu’au 23 août au niveau 2 de la bibliothèque, près du bureau Histoire

Vous pouvez également consulter en ligne ou télécharger en PDF une bibliographie réalisée par nos bibliothécaires :

Publié le 07/07/2022 - CC BY-SA 4.0