Wittgenstein : de la logique à l’anthropologie
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Du 5 janvier au 8 février 2022, la Bpi vous propose une grande sélection documentaire pour se plonger dans la pensée du philosophe Ludwig Wittgenstein

Photo Julien Masson / Bpi

“Les aspects des choses les plus importants pour nous sont cachés à cause de leur simplicité et de leur banalité.”

Recherches philosophiques, § 129.

De son vivant, le philosophe Ludwig Wittgenstein, né à Vienne en 1889,  n’a publié qu’un seul livre: le Tractatus logico-philosophicus, en 1921, à 32 ans. Pourtant, l’influence de son œuvre sur la philosophie contemporaine et les sciences humaines,  attestée par le nombre croissant de publications et d’articles ne faiblit pas. Connu dans un premier temps pour sa contribution à la réforme de la logique, dans le sillage du philosophe allemand Gottlob Frege (1848-1925) et du  philosophe et mathématicien anglais Bertrand Russel (1872-1970), la pensée de Wittgenstein irrigue désormais tous les champs de la connaissance: l’esthétique, l’anthropologie, la psychologie, la pédagogie, l’épistémologie, l’éthique, les sciences.

Issu d’une grande famille d’industriels et de mécènes viennois, son père Karl finança le Palais de la Sécession à Vienne, Gustav Klimt fit le portrait de sa sœur Margarethe et Ravel composa pour son frère Paul qui perdit son bras droit à la guerre, sa pièce “Concerto pour la main gauche”. Ludwig était le plus jeune de la fratrie. Il s’orienta d’abord vers des études d’ingénieur et de mathématiques, il déposa d’ailleurs un brevet pour un moteur d’avion, puis évolua rapidement vers des recherches philosophiques en étudiant la logique à l’université de Cambridge. Il s’intéressa au  fonctionnement  de notre langage auprès de Bertrand Russel. Dans un premier temps, L. Wittgenstein se concentra sur l’étude des rapports entre logique et langage, puis étendit progressivement sa recherche philosophique à tous les champs de la connaissance.

En cette fin du 19e, début du XXe siècle, dès avant la Première guerre mondiale, naissent à Vienne, capitale de l’Empire Autriche-Hongrie,  la psychanalyse de Freud, la musique atonale de Schoenberg, l’architecture moderniste d’Adolf Loos, la littérature de Robert Musil. Ludwig Wittgenstein s’inscrit dans cet élan de modernité. Avec lui, un nouveau style d’écriture philosophique apparaît, un style concis et dépouillé sous forme d’aphorismes à la manière des pensées de Pascal, sans jargon, écrit en langage ordinaire.

Associé un moment au Cercle de Vienne des mathématiciens positivistes (Carnap, Schlick, Neurath), c’est surtout à Cambridge et non à Vienne que ses recherches sur le langage vont trouver un réel écho et initier de nouveaux mouvements de pensée. Dans les pays de langue anglaise, l’œuvre de Wittgenstein participe à l’essor de la philosophie analytique, au tournant linguistique (Linguistic turn, Gustav Bergman et Richard Rorty) et dans une certaine mesure à la philosophie pragmatique (Charles Sanders Pierce, William James, John Dewey).  Aujourd’hui, la relecture de Wittgenstein par Stanley Cavell (les Voix de la raison, 1996) renouvelle le débat philosophique en attirant l’attention  sur la vie ordinaire,  les notions de quotidien, du banal, repris à leur tour par Sandra Laugier,  Christiane Chauviré et Jacques Bouveresse, Jean-Pierre Cometti en France.

“ La philosophie n’est pas une théorie mais une activité”.

Tractatus logico-philosophicus

 Sa pratique de la philosophie est jalonnée de ruptures, de mouvements de pause et de relances, perceptibles à la fois dans sa vie d’enseignant à Cambridge rythmée par de fréquentes interruptions et par ses difficultés à publier ses travaux, ne voulant pas fixer sa pensée tant qu’il ne la considérait pas comme aboutie. C’est pourquoi, l’essentiel de la publication de ses nombreuses recherches (voir Wittgenstein Source) a été effectuée de façon posthume, L. Wittgenstein est mort en 1951.

 Il est convenu de repérer deux grands moments dans le parcours philosophique  de Wittgenstein: une première période rattachée à la publication du Tractatus axée sur  la dimension logique et formelle du langage suivi d’une longue période de recherche et de remise en question du Tractatus d’où découle sa deuxième période.

En 1953, paraît sa deuxième œuvre majeure Les “Recherches philosophiques” (Philosophical investigations). Wittgenstein y expose la réfutation de son œuvre antérieure et forge deux concepts importants comme les concepts de “forme de vie” et de “jeu de langage”. Son approche analytique est désormais orientée vers l’examen du langage ordinaire “au travail”, son usage et sa contextualisation : “ La signification d’un mot est son usage dans le langage”. (§135)

L. Wittgenstein est au programme de l’épreuve d’histoire de la philosophie à l’agrégation de philosophie 2022.

Vous souhaitez découvrir ou vous plonger dans la pensée de Ludwig Wittgenstein ? La Bpi vous propose une sélection d’ouvrages à consulter près du bureau Philosophie jusqu’au 8 février prochain. Nos bibliothécaires ont également réalisé une bibliographie recensant ses œuvres présentes à la bibliothèque ainsi que de nombreuses en ligne.

Publié le 04/01/2022 - CC BY-SA 4.0