Le nucléaire : une solution d’avenir ?
Notre sélection de ressources

La Bpi vous propose jusqu’au 2 janvier 2024 une sélection de ressources, accompagnée d’une bibliographie, consacrée au débat sur l’énergie nucléaire.

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Le 21 mars dernier, l’Assemblée nationale a largement adopté le projet de loi de relance du nucléaire qui prévoit la construction de 6 réacteurs EPR (Réacteur pressurisé européen) de nouvelle génération d’ici 2035. Pour rebâtir le parc nucléaire français, le gouvernement table sur environ 60 milliards d’euros et l’embauche de 100 000 professionnels de la filière. Un chantier colossal, qui répond à des enjeux stratégiques et environnementaux, non sans soulever quelques inquiétudes.

Le vieillissement des centrales nucléaires françaises a fait chuter le niveau de production d’électricité de 30% en moyenne sur les 20 dernières années. En attendant la construction de nouveaux réacteurs, EDF souhaite rénover le parc actuel pour augmenter sa durée de vie et pourquoi pas gagner « 4 % à 5 % de puissance » supplémentaire.

Aujourd’hui, la France consomme 63% d’énergies fossiles, et dépense entre 50 à 100 milliards d’euros chaque année pour l’importation d’hydrocarbures. Pour réduire ses coûts, le développement des énergies renouvelables, éolien et photovoltaïque, doit permettre de décarboner la consommation énergétique. Mais selon certains experts, il est peu probable que ces énergies renouvelables puissent répondre à l’ensemble des besoins énergétiques du pays, à moins de baisser drastiquement notre consommation.

En augmentant la part du nucléaire dans le mix énergétique, l’État espère sortir plus rapidement de sa dépendance aux énergies fossiles d’une part, et de sa dépendance aux pays producteurs d’autre part. Depuis le début du conflit ukrainien et la fin de l’importation du gaz russe en Europe, la France a connu des tensions d’approvisionnement en énergie rendant d’autant plus sensible l’objectif de souveraineté énergétique du pays.

Cependant, la relance de la filière nucléaire ne fait pas l’unanimité : des personnalités politiques, scientifiques et écologistes, ainsi que des associations et ONG, dénoncent ce choix politique et ses conséquences, pointant du doigt l’influence d’un lobby du nucléaire bien implanté dans les institutions du pays. Les opposants au nucléaire soulignent que, malgré les catastrophes de Tchernobyl et Fukushima, les risques sanitaires et environnementaux ne sont pas suffisamment pris en compte par les décideurs publics. Et le projet de réforme du contrôle de la sûreté nucléaire n’aide pas à apaiser les inquiétudes : le gouvernement prévoit en effet de fusionner l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, un organisme public qui produit des expertises techniques) et l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire, une autorité administrative indépendante chargée de contrôler et de réglementer). Ainsi, un seul et même organisme serait chargé de l’expertise publique et de la fonction de décision, ce qui, selon les opposants à la réforme, risque d’affaiblir l’indépendance des expertises. Par ailleurs, deux rapports parlementaires alertent le gouvernement sur l’insuffisance des moyens dévolus à la sûreté nucléaire.

Dans un sondage Ifop publié en 2022, 75% des Français se sont déclarés favorables à la production d’énergie nucléaire en France. Cette adhésion est principalement liée à la nécessité « d’indépendance énergétique de la France » (81%), et au caractère « fiable » (71%) et « bon marché » (67%) du nucléaire. Sur le plan sanitaire et environnemental, les Français sont plus partagés : 62% considèrent que l’énergie nucléaire est « dangereuse », et seulement 50% pensent qu’elle est « respectueuse de l’environnement ». Malgré un certain consensus politique, le débat sur le nucléaire est donc loin d’être clos.

Pour en savoir plus, retrouvez la sélection de nos bibliothécaires au niveau 3 de la Bpi, secteur Droit Économie, jusqu’au 2 janvier 2024 ou bien retrouvez la bibliographie complète en ligne.

Publié le 07/11/2023 - CC BY-SA 4.0