Présidentielles brésiliennes : du spectacle aux marges de manœuvre
Notre sélection de ressources

Élu le 30 octobre dernier, Luiz Inácio Lula da Silva (né en 1945), dit Lula, prendra ses fonctions de président de la République fédérative du Brésil le 1^er janvier 2023.

La campagne opposant Lula au président sortant Jair Bolsonaro (né en 1955) a été très observée au Brésil et à l’international. Rarement une élection présidentielle brésilienne n’aura autant éclairé la tension entre les deux termes de la devise nationale : ordem e progresso (ordre et progrès). Deux candidats charismatiques et antagonistes se sont affrontés. Le premier, J. Bolsonaro, est le président en exercice depuis 2018, héritier des traditions militaire et conservatrice du pays, soutenu par les mouvances évangélistes. Le second, Lula, a déjà été président deux fois et est le symbole vivant de la lutte syndicale ainsi que de la gauche sud-américaine. De nombreux médias, notamment français, ont insisté sur le contraste binaire entre la figure effrayante du militaire aux propos souvent excessifs, et la perspective rassurante d’un retour du héros progressiste.

Au-delà des stratégies de communication, la science politique s’intéresse aux dynamiques de fond. Ainsi, la victoire de Lula au second tour (50,90 %) sur Bolsonaro (49,10%) signe l’écart de voix le plus serré d’une présidentielle depuis la fin de la dictature militaire en 1985. Déjouant les commentaires selon lequel le mandat Bolsonaro serait un épiphénomène, cette courte victoire montre au contraire la solide implantation de ses idées et réseaux dans les imaginaires sociaux et les institutions parlementaires. Eclipsant son médiocre bilan politico-économique et celui calamiteux de la gestion fédérale de la pandémie de Covid-19, l’ancien sous-lieutenant d’artillerie assoit sa popularité en attisant la colère populaire contre la corruption endémique, bien réelle, des classes dirigeantes. Il rassure en faisant la promotion du retour à un certain ordre sécuritaire et moral. Ce discours fait d’autant plus écho qu’il est amplifié par un usage habile des réseaux sociaux numériques. Enfin, le résultat serré de cette élection donne à voir l’un des socles du pays : les élites économiques des industries extractivistes de matières premières (minière, pétrolière et agricole), au pouvoir depuis la fondation du pays, ont soutenu J. Bolsonaro, quand celles favorables au développement d’une industrie manufacturière ont soutenu Lula.

De nombreux observateurs pensent que Lula aura peu de marges de manœuvre pour son troisième mandat : ne bénéficiant plus du contexte économique favorable de ses précédents mandats (2003-2006 et 2007-2010), son parti devenu minoritaire au Parlement et sali par des scandales de corruption, contraint par une inflation forte, le président aura pourtant fort à faire pour réconcilier les populations, assainir les institutions politiques et développer une économie viable pour replacer le pays dans le concert des nations.

Cette sélection bibliographique propose ainsi des éléments de compréhension de ce moment brésilien : en fonction de ses choix présents et à venir, en quoi le Brésil deviendra-t-il l’une des puissances mondiales de demain ?

Venez consulter notre sélection d’ouvrages et documents jusqu’au 31 janvier au niveau 2 près des Philosophie, religions et SHS. Vous pouvez également consulter en ligne ou télécharger en PDF la bibliographie réalisée par nos bibliothécaires :