Les communs : ressources, gestion, gouvernance
Notre sélection de ressources

Le Service Savoirs Pratiques vous propose une sélection d’ouvrages sur les biens communs à consulter dans la bibliothèque du 19 mai au 15 juillet 2021.

lectrice devant un meuble de valorisation
© Julien Masson / Bpi

Les vaccins contre la Covid-19 doivent-ils devenir des « biens communs » ? Pour de nombreux scientifiques, associations, responsables politiques, prix Nobel, la réponse est oui !

Demander aux industriels de renoncer à leurs brevets, grâce auxquels ils maintiennent un monopole d’exploitation, garantirait un accès élargi aux Etats et populations n’ayant pas les moyens d’acheter le précieux sérum. Les grands groupes pharmaceutiques ne sont pas de cet avis, et revendiquent leur droit de propriété sur un produit pour lequel ils ont mobilisé de nombreux capitaux (coûts de la recherche et du développement), et dont le monopole préserve la rentabilité. Difficile de concilier les intérêts de tous les acteurs économiques, pourtant la question devient de plus en plus pressante à mesure que les vagues épidémiques se succèdent à travers le monde : les Etat peuvent-ils s’emparer des vaccins pour en faire des « communs » libres de droit ? L’intérêt général peut-il prendre le pas sur l’intérêt privé des entreprises ?

On le constate à travers l’exemple des vaccins, la notion de communs met en cause le fonctionnement de notre modèle économique fondé sur le droit de propriété. Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie en 2009, a consacré l’ensemble de ses recherches à ce concept, et a participé à sa réhabilitation dans les débats politiques et économiques de ces dernières décennies. Car ce sujet n’est pas nouveau : à l’origine, les « biens communaux » faisaient référence à une gestion collective des ressources naturelles (forêts, pâturages, champs, marais, etc.). Ce fonctionnement a disparu à partir de la fin du Moyen Age, au profit d’une gestion uniquement déterminée par la propriété privée. Le développement de l’économie capitaliste et de la surexploitation des ressources naturelles a poussé l’écologue Garett Hardin à parler de « tragédie des communs », et à Elinor Ostrom d’enquêter sur la manière dont certaines communautés à travers le monde parviennent à réglementer une exploitation raisonnée de ces ressources, respectueuse à la fois des populations et de l’environnement.

Actuellement, l’intérêt que suscitent les communs dans divers champs d’études (sciences politiques, sciences de l’information, économie politique, droit, sociologie, etc.) révèle les multiples formes qu’ils peuvent prendre et la variété des problématiques qu’ils occasionnent en termes de gestion et de gouvernance. Les communs se définissent par trois éléments principaux :

  • Ce sont des ressources matérielles (ressources naturelles, habitats collectifs, jardins communautaires, etc.) ou intellectuelles (ressources éducatives, logiciels libres, données scientifiques, etc.).
  • L’usage des communs s’appuie sur une gestion collective (des règles d’usage) qui ne relève ni de la propriété individuelle ni de la propriété publique.
  • La gouvernance (c’est-à-dire les modes de délibération) est définie par les membres de la communauté, dans une logique d’auto- organisation.

Les communs nous encouragent à penser différemment l’exploitation des ressources naturelles, et à imaginer de nouvelles manières de répartir les richesses et d’organiser les échanges ; au regard du déclin inquiétant de la biodiversité, et de la défiance de plus en plus grande des populations vis-à-vis de leurs représentants politiques, ces questions reflètent bien les problématiques de notre époque.

Vous souhaitez approfondir vos connaissances sur les biens communs ? Venez consulter la sélection d’ouvrages de nos bibliothécaires jusqu’au 15 juillet à l’entrée du niveau 2 de la bibliothèque. Vous pouvez également consulter en ligne la bibliographie réalisée pour l’occasion.

Téléchargez la bibliographie (PDF, 900 Ko)

Publié le 19/05/2021 - CC BY-SA 4.0