Le bruit : notre sélection de ressources

La Bpi vous propose, du 24 mai au 5 juillet 2022, une sélection de ressources et une bibliographie sur le bruit.

sélection documentaire d'ouvrages à la Bpi
photo Julien Masson Bpi

Tous les jours nous en faisons l’expérience : partout, du bruit. Pas seulement « des bruits », mais du bruit (et parfois même… sans un son). Car sa manifestation la plus courante, acoustique, cache – ou révèle – encore d’autres formes : mathématiques, conceptuelles, sociales.

“Exposé au bruit blanc, la probabilité qu’un bébé s’endorme est multipliée par trois” ; “Bébé est apaisé et calmé lorsqu’il entend un bruit blanc” . Ces slogans vantant les prodiges d’une peluche émettant des fréquences superposées, un son saturé, peuvent surprendre. L’idée que le bruit apaise contredit l’expérience commune, qui l’associe généralement à une gêne, une nuisance – voire une souffrance. Dans le cas des bruits – au pluriel – qu’engendrent vie sociale et monde urbain (transports, travaux), corps et sensibilités vivent en effet dans une sorte d’état de siège dont les issues sont étroites : aux bruits subis peuvent être opposés des bruits choisis (musique, nature) ou, parmi d’autres tactiques, de la surenchère, du contrôle, ou du silence.

Mais réduire le niveau de bruit (noise gate) ou lui en opposer d’autres (“masques acoustiques”) ne conduit-il pas à donner une forme à ce qui précisément n’en a pas ? Car en deçà des bruits en tous genres, des plus pénibles aux plus agréables, en tout cas identifiables comme le sont les avions ou les oiseaux, se trouve peut-être non pas une surface silencieuse, neutre, sans déformation ni perturbation, mais une couche de bruit sans visage, un milieu dense et continu se caractérisant par une épaisse indistinction.

Plus qu’un intrus s’imposant de l’extérieur, le bruit serait alors une constante, un substrat de nos sensibilités. Dans une situation où s’abîment informations, émotions et cohérence ordinaires, c’est ce “bruit de fond” qui semble submerger le personnage du roman éponyme de Don DeLillo (White noise ; tandis qu’un autre roman du même auteur appelle “silence” non pas l’absence de bruit, mais la rupture complète des communications). La nauseam latine traduit bien ce malaise (que l’anglais noise a adopté). Pourtant, dans le cas des “peluches bruit blanc” ou d’autres applications anti-stress, cette soupe primitive (ce brouet) est vendue comme aussi précieuse et enveloppante que la rumeur des vagues…

Entre ces expériences opposées, quelle place faire au bruit considéré, sous une angle plus objectif, comme réalité scientifique ? Mathématiques et sciences de l’information ont induit des propriétés du bruit généralisables à bien d’autres domaines que celui de la physique acoustique. De la même manière, les sciences humaines ont intégré et dépassé l’alternative entre bruit perçu – fortuit et, le plus souvent, subi dans l’expérience subjective – et bruit donné – “objectif”, brut -, en modélisant le bruit comme réalité sociale à part entière : qu’il soit concret ou métaphorique (comme dans la rumeur, l’embrouille, ou impactant nos décisions), un certain niveau de bruit est accepté, contrôlé, produit.

Bruit fortuit ou subi, bruit “brut”’ ou produit, contrôlé, construit ; sensation subjective, information objective ou réalité sociale : à travers une sélection consultable sur les tables près des bureaux Philo, Sciences et Histoire jusqu’au 5 juillet (ou dans la bibliographie ci-dessous) embrassant sciences humaines, sciences exactes, urbanisme, musique et littérature, la Bpi vous propose les éléments d’une appréhension de ce phénomène avec lequel nous composons autant qu’il nous accompagne.

Publié le 24/05/2022 - CC BY-SA 4.0