8 ressources numériques sur le coup d’État de 1973 au Chili

La Bpi a sélectionné pour vous huit ressources numériques sur le coup d’Etat de 1973 au Chili.

Palais de la Moneda CC Wikipedia Commons

Le 11 septembre 1973, au Chili, un coup d’Etat militaire, mené par le général Augusto Pinochet, mettait un terme à un gouvernement de coalition des gauches, l’Unité populaire. Le président Salvador Allende, figure emblématique d’une troisième voie possible, celle de l’instauration du socialisme dans la démocratie, se suicida au palais de la Moneda après un discours bouleversant, retransmis sur Radio Magallanes, dans lequel il invitait son peuple à lutter contre la tyrannie à venir.

Découvrez huit ressources numériques abordant divers aspect de cet épisode fondamental de l’histoire chilienne : l’héritage des exilés chiliens, le rôle des Etats-Unis dans un contexte de guerre froide, l’essor du féminisme chilien en lutte contre la dictature ou encore l’essor des politiques économiques néolibérales favorisé par Augusto Pinochet.

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Chili : un putsch servi sur un plateau

Assassinat, étranglement économique, propagande… Les archives révèlent que les États-Unis de Nixon ont plus que souhaité la chute d’Allende le « marxiste », mais qu’ils n’ont pas choisi Pinochet. Ils ne l’ont même pas vu venir.
Le 11 septembre 1973, le général Augusto Pinochet renverse le président chilien Salvador Allende par un coup d’État militaire. L’administration Nixon, au pouvoir à Washington, nie que les États-Unis aient joué un rôle dans l’opération. Selon elle, Allende s’est lui-même aliéné la population et a provoqué un tel chaos que les militaires ont dû intervenir pour rétablir la loi et l’ordre. À l’inverse, pour les partisans d’Allende, la Maison Blanche a contribué à affaiblir un gouvernement qui aurait pu devenir un modèle socialiste de réussite pour l’Amérique latine. À l’inverse, pour les partisans d’Allende, la Maison Blanche a contribué à affaiblir un gouvernement qui aurait pu devenir un modèle socialiste de réussite pour l’Amérique latine.
Le débat sur le Chili a été largement lié à la disponibilité des preuves. En 1975, Franck Church, sénateur de l’Idaho, organisait des auditions au Congrès qui révélaient des activités de la CIA, les services secrets américains, au Chili. À l’époque, le rapport Church a surpris beaucoup de gens, qui soupçonnaient l’ingérence de l’agence dans le pays, mais n’avaient pas de preuves. Pour autant, le comité ne parvint pas à « établir un jugement définitif sur le bien fondé politique, la moralité ou même l’efficacité des activités clandestines américaines au Chili ». Et les pro-Nixon clamèrent que le rapport Church exonérait son administration. Heureusement, la déclassification de milliers de documents depuis les années 1970 a ensuite offert une interprétation plus nuancée du rôle des États-Unis dans le renversement d’Allende.

Vaincus mais vivants

Chili 1973. Carmen Castillo et son mari font partie du cercle des proches du Président Allende. Suite au coup d’état du Général Pinochet, ils décident d’entrer en résistance. Installée aujourd’hui en France, elle a fait le récit à Maximilien Le Roy de son histoire, une histoire de clandestinité, d’angoisse, de torture, de loyauté sans faille,… Une histoire de vaincus, une histoire de héros.

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Venceremos, Pinocho y las empañadas…

L’héritage de l’exil chez les descendants d’exilés politiques chiliens est complexe. L’histoire parentale transmise, le surnom donné au dictateur Pinochet, une chanson de résistance ou un plat traditionnel constituent autant d’éléments forts de la mémoire de l’exil. Le retour au pays perdu s’avère pourtant problématique. La mémoire familiale perd progressivement son rôle central dans les trajectoires des nouvelles générations.

¡Democracia en el país y en la casa! Mouvement des femmes et conceptualisation de la violence de genre dans le Chili de Pinochet

Dans cette contribution, il est proposé de reconstituer et d’analyser les processus qui ont permis l’émergence, au sein de la société chilienne, d’une réflexion sur la dimension politique de la sphère privée à l’origine de la mise en place d’une politique publique de lutte contre la violencia intrafamiliar. En étudiant, dans le contexte particulier de la dictature, la constitution du mouvement des femmes et féministe, et son travail de conceptualisation de la violence de genre exercée au sein du couple comme un problème social, l’article définit quelles transformations des cadres interprétatifs utilisés pour penser les rapports de genre au sein de la société cette nouvelle approche a supposé. La réflexion s’appuie sur un corpus d’entretiens menés avec d’anciennes militantes du mouvement féministe ainsi que l’histoire d’une organisation de femmes, la Casa Yela, qui illustre empiriquement le propos.

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Santiago du chili ou le prototype de la ville libérale, entre un état fort et des services collectifs privatisés

Santiago du Chili représente aujourd’hui le prototype de la ville libérale : peu de freins limitent l’expansion urbaine, dont les coûts sont chèrement payés par les promoteurs et les nouveaux habitants. Depuis les années 1960, le lobby de la construction n’a cessé d’exercer sa pression sur le ministère du Logement pour accroître l’emprise urbaine et obtenir le financement de la desserte des nouveaux espaces par des infrastructures de qualité. Les coûts élevés de l’urbanisation et les stratégies de sélection des promoteurs contrastent avec des foyers modestes cantonnés dans des logements sociaux dont ils remboursent les dividendes à vie.
L’État n’est pas absent de l’aménagement de l’espace métropolitain : il y exerce une fonction de réglementation et de contrôle. Toutefois, les relations entre acteurs publics et privés restent jalonnées de conflits portant sur le financement des coûts collectifs du développement urbain. Depuis la prise de pouvoir par le gouvernement militaire en 1973 et jusqu’à une période récente, l’histoire de Santiago est celle d’une ville-laboratoire où ont été expérimentées les réformes de privatisation et de libéralisation urbaines les plus abouties.

L’exil chilien en France du coup d’état à l’acceptation de l’exil : entre violences et migrations

Le renversement de Salvador Allende, le 11 septembre 1973, par une junte militaire constitue une rupture majeure dans l’histoire contemporaine chilienne. La violence du pronunciamiento et l’application des dogmes de la doctrine de sécurité nationale, complétées par une législation  ad hoc, provoquent une migration politique puis économique, hors norme pour un pays d’Amérique latine. En Europe, les principaux foyers d’accueil européens furent la Suède et la France. Les exilés vont y être particulièrement bien accueillis en raison de la résonance positive de l’expérience de l’Unité populaire en France. Néanmoins, le bannissement constitue une violence supplémentaire pour des individus fortement fragilisés par les événements vécus. Les difficultés inhérentes aux premiers temps de l’exil confirment cette situation. Les effets de la temporalité de l’exil et la reconstruction individuelle imposée par le prolongement de ce dernier vont conduire ces Chiliens à redéfinir les rôles de chacun des membres des cellules familiales et à accepter une réalité, longtemps déniée, pour essayer d’opérer leur processus d’intégration. Ainsi, même si les conditions de l’accueil ont été favorables, les exilés ont dû reconstruire leurs liens sociaux, s’adapter à une forme de socialisation ignorée, consentir, fréquemment, à une réelle déqualification et se résigner à demeurer à l’extérieur.

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Augusto Pinochet dans la caricature de presse française et anglo-saxonne, 1973-2006

Quarante ans après le coup d’État au Chili, Augusto Pinochet figure au panthéon des dictateurs du xxe siècle. Cet article s’interroge sur la construction de l’image du dictateur au travers des caricatures de presse publiées en Europe (France et Angleterre notamment) et aux États-Unis. Il traite également certains clichés élaborés à partir de l’image du dictateur chilien pendant la période 1973-2006.

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Les disparus de la dictature dans la mémoire collective chilienne : répressions, exhumations et patrimonialisation autour du Patio 29

Par une approche sociologique et ethnographique, cet article propose d’interroger le processus de mémorialisation basé sur l’expérience de la disparition forcée subie durant la dictature de Pinochet. L’analyse se focalise sur le cas du Patio 29, au sein du cimetière général de Santiago, lieu utilisé par le régime militaire chilien pour occulter les corps et effacer l’identité de ses victimes. Il s’agit d’aborder, dans une perspective diachronique, la manière dont la gestion des disparus, et ensuite celle de leurs cadavres retrouvés, a durablement affecté la société chilienne jusqu’à nos jours, sur le plan politique et symbolique. Ainsi, cette étude s’intéresse d’abord aux motifs et aux modalités d’inhumation clandestine des corps réalisée par les militaires, afin d’examiner son impact sur la population et plus particulièrement sur l’entourage des victimes qui espère les revoir en vie tant que les corps ne sont pas réapparus. Il s’agit aussi de montrer comment, une fois le décès de leurs proches accepté, les familles se mobiliseront pour réclamer la vérité sur leur destinée posthume afin de localiser leurs restes. Enfin, l’article rend compte des importantes controverses relatives au processus d’exhumation et d’identification des disparus du Patio 29 dans le contexte démocratique des années 1990 et s’attache à une lecture critique du phénomène de patrimonialisation du Patio 29 au Chili.

Publié le 07/09/2023 - CC BY-SA 4.0